Emmanuelle de Ruffi de Pontevès
L’interprétation de cuando et de quand dans l’historiographie de l’espagnol et du français : étude terminologique et conceptuelle (de 1492 à la fin du XVIIIe siècle)
1. Introduction
Cet article s’intéresse à l’interprétation de cuando dans la grammaire espagnole et de quand dans la grammaire française depuis les débuts de la grammatisation[1] jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, plus spécifiquement dans leur emploi « temporel affirmatif », c’est-à-dire dans des phrases du type lo haré cuando vengas / je le ferai quand tu viendras ou cuando la llamó su padre, se sobresaltó / quand son père l’appela, elle sursauta, sachant qu’actuellement ces éléments ne sont pas interprétés de la même façon dans les deux pays : en espagnol, dans les phrases ci-dessus cuando est considéré comme un adverbe relatif, introduisant une subordonnée relative sans antécédent exprimé, alors qu’en français quand est considéré comme une conjonction de subordination, introduisant une subordonnée circonstancielle de temps. Cette différence d’approche pose des problèmes très concrets d’enseignement, quand il s’agit par exemple d’expliquer à des apprenants francophones de l’espagnol l’équivalence entre quand + indicatif futur et cuando + subjonctif présent.
La grammatisation commence véritablement, d’après Auroux, à la fin du XVe siècle (1995, p. 13), avec, pour l’espagnol, la publication de la grammaire de Nebrija (1492), qui constitue donc le point de départ de mon corpus[2], dont les 42 grammaires se répartissent de la façon suivante[3] :
L’interprétation de cuando et de quand dans l’historiographie de l’espagnol et du français : étude terminologique et conceptuelle (de 1492 à la fin du XVIIIe siècle)
1. Introduction
Cet article s’intéresse à l’interprétation de cuando dans la grammaire espagnole et de quand dans la grammaire française depuis les débuts de la grammatisation[1] jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, plus spécifiquement dans leur emploi « temporel affirmatif », c’est-à-dire dans des phrases du type lo haré cuando vengas / je le ferai quand tu viendras ou cuando la llamó su padre, se sobresaltó / quand son père l’appela, elle sursauta, sachant qu’actuellement ces éléments ne sont pas interprétés de la même façon dans les deux pays : en espagnol, dans les phrases ci-dessus cuando est considéré comme un adverbe relatif, introduisant une subordonnée relative sans antécédent exprimé, alors qu’en français quand est considéré comme une conjonction de subordination, introduisant une subordonnée circonstancielle de temps. Cette différence d’approche pose des problèmes très concrets d’enseignement, quand il s’agit par exemple d’expliquer à des apprenants francophones de l’espagnol l’équivalence entre quand + indicatif futur et cuando + subjonctif présent.
La grammatisation commence véritablement, d’après Auroux, à la fin du XVe siècle (1995, p. 13), avec, pour l’espagnol, la publication de la grammaire de Nebrija (1492), qui constitue donc le point de départ de mon corpus[2], dont les 42 grammaires se répartissent de la façon suivante[3] :
Pour mieux comprendre la variété des situations observées au cours des siècles, nous allons tenter tout d’abord de cerner les propriétés des éléments complexes que sont cuando et quand, en nous appuyant sur l’éclairage fourni par deux grammaires actuelles.
2. Regards croisés
2.1 Regard des académiciens sur cuando
Dans la grammaire publiée en 2009 par la Real Academia Española (RAE) et la Asociación de Academias de la Lengua Española (ASALE), les relatifs, les interrogatifs, et les exclamatifs sont étudiés ensemble parce qu’ils présentent des traits lexicaux et morphologiques similaires et qu’ils font tous référence à une variable inconnue. Cependant, les relatifs présentent la particularité d’avoir un antécédent :
No obstante, los relativos se diferencian de los interrogativos y exclamativos en que tienen antecedente, sea expreso o tácito, y es este elemento el que identifica el valor de la variable contenida en la subordinada (p. 1557-1558).
Cuando, équivalent à « el momento en que » (p. 51), possède un antécédent im-plicite : c’est donc un relatif. Or, en tant que modificateur du groupe verbal, c’est aussi un adverbe, ce pourquoi les auteurs de cette grammaire le classent, avec como, donde, adonde et cuanto, dans les « adverbes relatifs », en prenant pour exemple cuando llegues (p. 1560-1561).
Les relatifs sans antécédent exprimé introduisent les relatives sans anté-cédent exprimé que nous avons mentionnées en introduction, appelées aussi « relativas libres » et analysées comme des groupes nominaux ou prépo-sitionnels :
Predomina hoy el análisis de las relativas libres como grupos sintácticos (nominales o pre-posicionales) que incorporan léxicamente el significado de su antecedente, de forma que este denota personas, cosas, tiempos, lugares o modos. El adverbio cuando en cuando sonó el teléfono aporta el significado del grupo preposicional en el momento en que. Esta paráfrasis contiene un relativo (que), pero también su antecedente (momento). La función del grupo relativo en que es la de complemento circunstancial de sonó en la paráfrasis en el momento en que sonó, pero el adverbio cuando integra o lexicaliza, como se ve, la información que aporta el grupo relativo y la que corresponde a su antecedente. […] Así pues, cuando es el complemento circunstancial de sonó en cuando sonó el teléfono. A su vez, la relativa libre, en su conjunto (cuando sonó el teléfono), lo será respecto de algún predicado que aquí no se menciona (por ejemplo, se sobresaltó) (p. 1595).
Il est donc insisté sur la fonction syntaxique exercée par le relatif, et notamment cuando, analysé comme un complément circonstanciel. Ces deux facettes, adver-biale et relative, de cuando et de ses semblables, expliquent la difficulté his-torique que les grammairiens ont eue à classer les propositions que ces éléments introduisaient, qui héritent de cette dualité :
La tradicional ambivalencia de las relativas encabezadas por adverbios se debe a que se identifican en algunas gramáticas clásicas dos propiedades de estas construcciones. […] se analizaban como oraciones adverbiales porque suelen ejercer la función de complemento circunstancial (característica de los adverbios); pero, a la vez, están encabezadas por relativos, y todos los miembros de esta clase de palabras ejercen alguna función sintáctica respecto de algún predicado (sujeto, complemento directo, etc.), a diferencia de las con-junciones subordinantes (p. 1595).
C’est donc le fait qu’ils exercent une fonction syntaxique dans la proposition qu’ils introduisent qui distingue les adverbes relatifs des conjonctions, catégories dont il est reconnu qu’elles sont l’objet de polémiques :
Los límites entre las categorías de adverbio relativo y conjunción subordinante son impre-cisos. Se reconoce hoy por lo general que la clasificación de muchas de estas partículas en grupo o en otro es sumamente polémica. […].
Debe señalarse, ante todo, que los adverbios relativos son argumentos o adjuntos de algún predicado, y pueden ser también atributos. Las conjunciones no pueden desempeñar ninguna de estas funciones. Así pues, el relativo cuando, en cuando tú trabajabas es el complemento circunstancial de trabajabas y denota el período en el que esa situación tenía lugar (p. 2469).
Deux autres raisons ont pu jouer dans la confusion historiquement observée dans l’analyse des subordonnées introduites par des adverbes relatifs : d’une part, ces derniers jouent, comme les conjonctions de subordination, le rôle d’éléments su-bordonnants (p. 1595), et d’autre part, dans certains contextes, ils ne peuvent plus s’interpréter comme des compléments circonstanciels et deviennent de véritables conjonctions de subordination (conditionnelle, causale ou concessive dans le cas de cuando) :
Pudo influir asimismo el hecho de que los adverbios relativos han perdido en ciertos contextos su capacidad para interpretarse como complementos circunstanciales de un predi-cado verbal y han acabado integrándose por completo en el paradigma de las conjunciones subordinantes, como sucede en será verdad, cuando tú lo dices (donde cuando alterna con sí) (p. 1595).
Ainsi, tel qu’il apparaît dans ces analyses, cuando en emploi temporel affirmatif possède une « triple personnalité » que l’on peut résumer de la façon suivante : il a une fonction de modificateur du groupe verbal dans la subordonnée qu’il introduit (ce qui justifie son classement dans les adverbes), il possède un antécédent implicite (ce qui en fait un relatif), et enfin c’est un élément subordonnant (ce qui le rapproche d’une conjonction).
2.2 Regard français sur quand
A défaut de disposer d’analyses récentes de l’Académie française, puisque l’unique grammaire issue de cette institution date de 1932, nous utiliserons les analyses produites pour quand dans une grammaire française actuelle largement utilisée en milieu universitaire, la Grammaire méthodique du français de Riegel, Pellat et Rioul (4e éd., 2009), à laquelle Swiggers donne le statut d’« ouvrage de référence », la qualifiant également de « très solide grammaire de consultation » et d’« ouvrage de réflexion théorique » (2015, p. 545).
Dans cet ouvrage, quand est analysé comme une conjonction de subordination (p. 792), qui introduit une proposition circonstancielle « de situation » (p. 847), plus précisément une temporelle, bien qu’elle puisse également recevoir des valeurs conditionnelles (p. 848).
La question des relatifs est abordée par ces auteurs à partir des propositions relatives :
Les propositions relatives sont des propositions subordonnées qui sont introduites par un terme relatif, pronom, ou, plus rarement, déterminant.
Ces termes se répartissent en deux séries :
• Les cinq formes simples du pronom relatif : qui, que, quoi, dont, où.
• Le relatif composé lequel, pronom ou déterminant […].
Toutes ces formes […], sauf dont, la seule à être exclusivement pronom relatif, peuvent être considérées comme des proformes indéfinies qui fonctionnent comme termes introducteurs d’une proposition relative (adjective, substantive, adverbiale ou prédicative), ou d’une interrogative partielle (directe ou indirecte) (p. 794).
Ces auteurs opèrent donc eux aussi un rapprochement entre relatifs et interrogatifs. Ils précisent que le pronom relatif cumule trois fonctions :
• Une fonction démarcative. Il introduit la proposition relative, dont il constitue l’opérateur de subordination ou complémenteur, marquant ainsi une frontière de proposition enchâssée (p. 795).
• Une fonction anaphorique. Il est, dans le cas de la relative adjective, coréférent à son antécédent […] qu’il représente dans la structure de la relative (p. 795).
• Une fonction casuelle. Sa forme varie essentiellement selon sa fonction grammaticale dans la relative (p. 796).
En ce qui concerne plus précisément les relatives sans antécédent, qu’ils nomment « relatives substantives indéfinies » (p. 816), ces auteurs remarquent qu’
on peut rapprocher des relatives sans antécédent les subordonnées introduites par quand lorsque celles-ci, en particulier après une préposition, sont des substituts d’un GN (quand peut être remplacé par le moment où) : J’ai mis de l’argent de côté pour quand je serai à la retraite (p. 818).
Ainsi, selon ces auteurs, quand je serai à la retraite est proche d’une relative sans antécédent dans J’ai mis de l’argent de côté pour quand je serai à la retraite mais ne l’est pas dans Je le ferai quand je serai à la retraite.
Ces auteurs notent également qu’
on trouve en outre des relatives locatives sans antécédent introduites par où : le pronom est complément de lieu dans la relative ; la relative est complément du verbe de la principale, elle occupe la position de complément indirect ou de complément direct et dans ce dernier cas est très proche de certaines constructions interrogatives indirectes :
J’irai où vous allez. […] Je n’ai pas où passer la nuit (p. 817).
Mais si où est un complément circonstanciel de lieu dans J’irai où vous allez, pourquoi quand n’est-il pas un complément circonstanciel de temps dans Je partirai quand vous partirez ? Et ce d’autant plus que, lorsqu’il est un « adverbe interrogatif », quand est considéré comme ayant une fonction dans la proposition qu’il introduit :
Où, quand, comment, pourquoi, etc. sont généralement considérés comme des adverbes d’interrogation partielle. En fait, ils représentent l’amalgame de la marque du type de phrase interrogatif et d’une fonction (complément de lieu, de temps, etc.) dans la phrase interrogative, ce qui leur confère les propriétés syntaxiques et interprétatives des autres pronoms interrogatifs (p. 649).
On peut légitimement se demander pourquoi, si quand est un complément circonstanciel de temps dans une proposition interrogative, il ne l’est plus dans la proposition affirmative.
Loin de prétendre comparer exhaustivement la situation actuelle dans les deux pays sur la base de ces deux ouvrages, il ne s’agissait ici que de chercher à comprendre ce que recouvre la différence de dénomination observée, à savoir un contraste entre une approche qui privilégie la facette conjonctive, en reléguant à des cas marginaux l’existence de la facette relative, et une approche qui donne la préférence aux facettes adverbiale et relative, tout en reconnaissant l’existence de la facette conjonctive. Cela va nous permettre de mieux comprendre les situations que nous allons observer au fil des siècles.
3. Fin du XVe siècle et XVIe siècle
Comme nous l’avons dit, le processus de grammatisation commence avec Nebrija (1492)[4], qui classe cuando en emploi temporel affirmatif dans les conjonctions, et plus particulièrement dans les conjonctions « continuatives » :
Otras son para continuar como diziendo io leo mientras tu oies, io leere cuando tu quisieres, tu lo haras como io lo quisiere. Estas conjunciones mientras, cuando, como, continuan las clausulas de arriba con las de abaxo: τ en esta manera todas las conjunciones se pueden llamar continuativas (Libro tercero, cap. XVII).
Le processus ainsi amorcé ne reprend pour l’espagnol que dans la seconde moitié du XVIe siècle, ce qui coïncide avec le moment où les premières grammaires du français écrites en français sont publiées. Le nombre de grammaires produites est encore faible, et mon corpus ne se compose pour ce siècle que de sept grammaires, qui fournissent peu d’éléments en ce qui concerne cuando et quand : cuando est absent aussi bien dans la grammaire de Villalón (1558) que dans la deuxième grammaire anonyme de Lovaina (1559), et quand n’est mentionné ni par Meurier (1557) ni par Bosquet (1586). La Ramée (1572) l’inclut dans les adverbes de temps, mais sans exemples, et Estienne (1557) le classe dans les adverbes qui signifient le temps, mais simplement dans le contexte de l’interrogation. Seul Meigret (1550) le définit dans son emploi temporel affirmatif : c’est alors un adverbe « continuatif de tous temps » :
Mais nous en avons d’autres qui sont continuatifs de tous temps : comme lors, quand, alors : et se joignent à tous temps : comme je dors, dormais, dormis, ai dormi, dormirai, lors que tu fais, faisais, fis, as fait, et feras[5] (p. 127).
Cet auteur ajoute que quand peut aussi être « interrogatif de tous temps ». Il ne fait pas apparaître quand dans les listes de conjonctions, mais, dans le livre traitant des temps des verbes, il semble le mentionner en tant que conjonction :
Au demeurant, le conjonctif n'a qu'un futur, qui se forme du futur de l'indicatif d’avoir et de l'infinitif prétérit du verbe: comme quand je l'aurai vu, je marchanderai. Ni ne vois point de raison qu'on le doive tenir pour futur de l'indicatif: vu qu'à peine le trouverons-nous (comme je crois) usurpé en la langue française sans conjonction ou verbe: de vrai, nous disons bien j'aime, sans adjonction, en signifiant que je suis amoureux, nous ne dirons pas pourtant j'aurai aimé, qu'il ne faille quelque autre verbe pour y parfaire quelque sens: là où nous disons bien j'aimerai, qui signifie que je serai amoureux (p. 72).
4. XVIIe siècle
Au XVIIe siècle le processus de grammatisation se poursuit, mais le nombre d’ouvrages produits reste encore modeste. Sur les dix grammaires que compte mon corpus, la seule grammaire générale est celle d’Arnauld et Lancelot (1660), dans laquelle quand n’est pas mentionné.
4.1 Grammaires de l’espagnol écrites en espagnol
Ces trois grammaires se concentrent sur moins d’un demi-siècle, entre 1614 (Patón) et 1651 (Villar). Chez Patón comme chez Villar, cuando n’apparaît pas. En revanche, il apparaît chez Correas (1625), qui lui attribue une double nature adverbiale et conjonctive : en effet, après l’avoir classé dans les adverbes de temps, mais sans fournir d’exemples, il évoque le fait que les conjonctions pourraient être considérées comme un sous-groupe des adverbes : « I lo mismo será en las Conjunziones é Interjeziones, qe pudieran mui bien poner-se por espezies de Adverbios » (p. 218). Cette conviction est réaffirmée dans l’introduction et la conclusion de sa partie sur les conjonctions (p. 219 et p. 223), où cuando figure parmi les conjonctions « continuativas », avec l’exemple « Yo iré cuando tú qieres » (p. 223). Correas perçoit donc bien la nature conjonctive de cuando en emploi temporel affirmatif, sans considérer pour autant qu’il perde sa nature adverbiale, les conjonctions faisant partie des adverbes.
4.2 Grammaires du français écrites en français
Ces six grammaires s’échelonnent de 1607 à 1696. Chez Chiflet (1659), qui le classe dans les adverbes « du temps », mais toujours dans des énoncés interrogatifs, quand n’apparaît pas dans son emploi temporel affirmatif. Chez les cinq auteurs qui mentionnent cet emploi, la dimension adverbiale est évoquée. C’est même la seule que l’on trouve chez Irson (1656) et Vairasse d’Allais (1681) : Irson ne cite quand ni dans les adverbes ni dans les conjonctions, mais le qualifie au fil du texte de « petit mot », de « particule » ou de « particule adverbiale », le faisant apparaître non loin de cette dernière expression dans l’exemple « j'auois écrit quand vous m'estes venu visiter » (p. 27). Vairasse d’Allais classe quand dans les adverbes « du tems indifférent » et « d’interroger », et ne le fait pas figurer dans les conjonctions. Au fil du texte, quand est qualifié plusieurs fois d’« adverbe » ou « adverbe de tems » quand il est utilisé dans des exemples comme « Nous vous payerons quand nous aurons reçu notre argent » (p. 204).
Le doute subsiste en ce qui concerne l’analyse de Maupas (1607) et Oudin (1632). Le premier classe tout d’abord quand dans les adverbes de temps, puis le fait apparaître dans les conjonctions « discrétives et adversatives », en ajoutant : « Maisque, Quand, Lorsque, Alors-que; sont adverbes de temps & à divers esgard conjonctions, & valent Cùm, Quandò, Dùm ». Ainsi, Maupas assume le fait que certains éléments, dont quand, puissent appartenir à deux classes de mots, comme le confirme la terminologie employée au fil du texte pour mentionner cet élément : « formule conjonctive » (où quand est associé à lorsque et à si), « formule adverbiale » (emploi associé à l’exemple « quand i’auray achevé cet œuvre, ie le communiqueray au public »), ou encore « formules d'adverbes qui suspendent le sens, et insinuent une suite » (emploi associé à l’exemple « Quand ie fus né »). Cependant, si les exemples ci-dessus montrent clairement que l’auteur perçoit la dimension adverbiale de quand dans son emploi temporel affirmatif, je n’en ai pas trouvé prouvant qu’il perçoive aussi clairement la dimension conjonctive de quand dans cet emploi, même si l’association fréquente avec lorsque semble le suggérer.
Oudin classe quand dans les « adverbes du temps », avec cette remarque :
Lorsque plusieurs verbes se construisent en une période, le premier recevant cet adverbe, les autres ont que pour conjonctive sans répéter ledit quand, v. g. Quand de telles affaires arrivent, et qu'on les néglige, etc.[6] (p. 275-276).
Quand apparaît ensuite comme « adverbe de temps indéterminé » servant à interroger, puis il est classé avec quand bien et quoy que dans les conjonctions « de discerner ». Oudin n’évoque pas de conjonctions « temporelles ». Cependant, il note au sujet de si dans le paragraphe consacré aux « conditionnelles » que « les estrangers confondent si & quand, toutesfois la difference y est fort grande, car quand denote le temps & iamais la condition » (p. 303). D’autre part, s’il qualifie quand en emploi temporel affirmatif d’adverbe à deux reprises au fil du texte (p. 189 et p. 190), il semblerait, sans que la rédaction soit très claire, qu’il considère également quand comme une « particule conjonctive » (p. 146-147). Cet auteur perçoit donc la dimension adverbiale de quand en emploi temporel affirmatif, et il semblerait, sans certitude, qu’il perçoive également sa dimension conjonctive.
La Touche (1696) est le seul auteur chez lequel quand en emploi temporel affirmatif apparaît à la fois comme un adverbe et comme une conjonction : bien qu’il classe simplement quand dans les adverbes de temps, sans précision supplémentaire, et ne le fasse pas figurer dans les conjonctions, il le présente au fil du texte en emploi temporel affirmatif soit comme un adverbe, soit comme une conjonction :
On prononce aussi le d comme un t devant une voïelle dans grand & second. […] Il a encore le même son dans l’adverbe quand […] ; Exemples : quand irez-vous ? quand un homme est habile. […] prononcez quan tirez-vous ? quan tun homme est habile […] (p. 13).
On se sert de ce Tems [le parfait défini double] dans le même sens que le Défini simple, & la seule différence qu’il y a c’est que celui-ci doit toujours être joint à un autre verbe et précédé des conjonctions suivantes : quand, lors que, comme, dès que, si tôt que […]. Exemples : Quand j’eus dîné je montai à cheval […] (p. 242).
Notons avant de quitter le XVIIe siècle que l’opinion d’Irson et de Vairasse d’Allais qui ne voient dans cet emploi de quand qu’une dimension adverbiale se reflète dans le Dictionnaire de l’Académie française de 1694 : quand y est considéré comme un adverbe de temps quand il signifie « Lorsque, dans le temps que, dans quel temps », ce qui est illustré en particulier par les exemples « Quand Dieu crea le monde » et « Quand sera-ce que vous nous viendrez voir? ». Il n’est considéré comme une conjonction que dans des exemples du type « Quand ainsi seroit, que vous en reviendroit-il? ».
5. XVIIIe siècle
Le processus de grammatisation s’amplifie, surtout, en ce qui concerne l’espagnol, dans la deuxième moitié du siècle. Le corpus considéré contient ainsi 24 grammaires, dont deux de la RAE.
5.1 Grammaires de l’espagnol écrites en espagnol
Sur les six auteurs considérés, seul San Pedro (1769) ne fait pas apparaître clairement l’emploi temporel affirmatif de cuando. Il classe cet élément dans les adverbes « de tiempo incierto », mais sans exemple, et l’intègre ensuite à la liste des conjonctions conditionnelles, avec un exemple qui évoquerait plutôt la valeur temporelle : « Todos quando estamos sanos, damos facilmente buen consejo a los enfermos ». Il ne le cite pas dans la liste des conjonctions « Ordinativas », c’est-à-dire « las que atan la oración por alguna circunstancia de lugar o tiempo » (TII p. 91). Au fil du texte, cuando est mentionné en tant que « particule » (TII p. 61). Notons que cet auteur aborde clairement la question de la double appartenance de certains éléments à la classe des adverbes et à celle des conjonctions :
Muchas de las conjunciones son también adverbios o conjunciones, i su diferencia depende del sentido que tienen en la oración. Se conocerá cuando son puras conjunciones, si solo tienen oficio de juntar las partes del razonamiento sin otro respeto o expresión de circunstancia de nombre o verbo (TII, p. 92).
Cependant, en l’absence d’exemples pour illustrer la notion d’adverbe « de tiempo incierto », et du fait de l’interprétation conditionnelle de l’énoncé « quando estamos sanos », il est impossible de cerner avec certitude la vision de l’auteur en ce qui concerne cuando dans son emploi temporel affirmatif : tout au plus peut-on dire qu’il semble avoir une dimension adverbiale, et qu’il pourrait avoir une dimension conjonctive.
Les cinq auteurs qui évoquent clairement l’emploi temporel affirmatif de cuando présentent un tableau très contrasté. Gómez Gayoso (1743) et Muñoz Álvarez (1793) considèrent cuando dans cet emploi comme une conjonction. Le premier, à la suite de Nebrija et Correas, classe cet élément dans les conjonctions Continuativas, avec l’exemple « Esso lo harás quando yo lo mande », et ne le mentionne pas dans les adverbes. Muñoz Alvarez ne le mentionne pas non plus dans les adverbes, et ne le classe que dans les conjonctions temporelles, Garci-Pérez de Vargas ajoutant dans l’édition de 1799 un commentaire cohérent avec ce classement, où cuando est qualifié de conjonction :
Quando se señala tiempo, es mas propio del castellano poner en indicativo el verbo de la primera oracion y ligar por quando la siguiente, que no empezar por gerundio ó por la citada conjunción. Yriarte observó esta regla en la Leccion 3a de la Historia de España: “Reynaba el Emperador Honorio por los años de 409, quando con formidables exércitos, y ocasionando horrible estrago, se apoderaron de Galicia, Leon y Castilla la vieja los Suevos…”. Esta construcción es mas natural que reynando ó quando reynaba, lo que sería un latinismo, que solo se permite en estilo lacónico (p. XXIV).
La RAE et Jovellanos considèrent au contraire cuando en emploi temporel affirmatif comme un adverbe. Dans la première grammaire de la RAE (1771), il est mentionné dans les adverbes simples et ne figure pas dans les adverbes de temps, mais apparaît dans un article intitulé « Advertencias particulares sobre el uso de algunos adverbios », où il est associé à donde :
Donde, y quando. Estos adverbios sirven para preguntar: v.g. donde está? quando viene? También se usan afirmativamente: donde está tu corazón está tu dinero: quando venga que avise (p. 197).
D’autre part, cuando est classé dans le chapitre consacré aux conjonctions parmi les adversatives, avec les exemples « quando eso sea, no lo creo » et « no haria yo una injusticia quando me importára un tesoro » (p. 224). De façon cohérente avec ses analyses, la RAE le mentionne au fil du texte soit comme « adverbe », soit comme « particule », soit de façon imprécise, comme on le voit dans la remarque suivante :
También se suele poner artículo delante de algunos adverbios, y conjunciones, y así se dice: el como, el quando, el si, el no, el porqué. En estos casos se usan estas partículas como sustantivos, supliendo entre ellas y los artículos algun nombre comun, como: el modo, el tiempo, el dicho, el motivo (p. 54).
L’édition de 1796 montre des propos similaires, sans employer cependant le terme de « particule ». Jovellanos (1795) suit d’assez près la RAE, évoquant lorsqu’il traite les adverbes les emplois interrogatif et affirmatif de cuando, avec pour ce dernier emploi l’exemple « cuando venga que avise » ; il le fait ensuite figurer également dans les conjonctions adversatives.
Le dernier auteur, Ballot (1796), manifeste une certaine ambigüité. Il classe cuando dans les adverbes de temps, sans le faire figurer dans les conjonctions, mais en le qualifiant cependant de conjonction dans le passage suivant :
[el modo subjuntivo] es el que necesita juntarse con otro verbo expreso o suplido, que perfeccione el sentido de la oracion, como Quando yo venga, Si leyeras; en cuyas expresiones queda imperfecto el sentido, y pendiente de otro verbo, que se llama verbo principal o determinante, por ejemplo Quando yo venga, te daré dinero; Si leyeras, serias docto. Este modo va siempre acompañado de ciertas conjunciones, que regularmente son estas Aunque, Como, Por mas que, Para que, Quando, Que, Si, Siquiera, &c. (p. 49-50).
Cet auteur a donc clairement conscience de la valeur conjonctive de cuando en emploi temporel affirmatif, mais l’absence d’exemples ne permet pas d’affirmer avec certitude que l’appartenance de cet élément aux adverbes de temps soit considérée dans le cadre de ce même emploi.
5.2 Grammaires du français écrites en français
L’emploi temporel affirmatif de quand n’est pas mentionné chez trois auteurs de grammaires françaises sur onze.
En premier lieu, chez Domergue (1778), quand est absent du traitement des adverbes et des conjonctions, et n’est pas défini au fil du texte. Notons que cet auteur lui-même ne l’emploie presque pas, lui préférant lorsque.
En deuxième lieu, bien que quand en emploi temporel affirmatif ne soit pas défini chez Régnier-Desmarais (1705 ou 1706), il s’agit cependant d’un cas intéressant. Quand figure tout d’abord dans les adverbes simples, mais pas dans les adverbes « de temps, de lieu, & d’ordre », puis apparaît dans les conjonctions conditionnelles et dans les conjonctions concessives, mais pas dans celles « de Temps et d’ordre ». En abordant ces dernières, l’auteur fait part de ses doutes :
J’ai longtemps douté si je mettrois au rang des conjonctions certains termes que les Grammairiens François ont accoutumé de ne mettre qu’au nombre des Prépositions ou des Adverbes de Temps : mais comme les mots qui répondent en latin aux mêmes termes, sont qualifiés de conjonctions par d’habiles Grammairiens Latins ; j’ai cru être bien fondé en cela à les suivre ; vu que la différence des Langues ne change rien à la nature & à la qualité des mots (p. 728).
L’auteur évoque alors la double nature, circonstancielle et conjonctive, de ces termes :
J’appelle donc ici Conjonctions de Temps & d’Ordre, Comme, lors que, dans le temps que, dans le même temps que, en même temps, pendant que, durant que, avant que, dès que, aussitôt que, à peine, après, cependant & enfin ; non pas en tant que tous ces termes, ou la plupart servent seulement à marquer une certaine circonstance de temps ; mais en tant qu’ils servent tellement à la liaison & à l’ordre du discours, qu’ils contribuent à en joindre toutes les parties, & à en rendre l’assemblage meilleur (p. 728).
L’absence de quand dans cette liste de termes problématiques est d’autant plus curieuse que, évoquant plus loin que, l’auteur note que
on ne laisse pas pourtant de l’employer de même à la suite de quand, soit dans la signification de lors que, soit dans celle de quoy que. Ainsi en se servant de quand dans le sens de lors que, on dira fort bien Quand tout sera achevé, & qu’il n’y aura plus rien à faire (p. 746).
Ainsi, dans cette grammaire, quand n’apparaît finalement ni dans la liste des adverbes de temps ni dans celle des conjonctions temporelles. Cette absence et sa non caractérisation dans l’exemple ci-dessus, me semblent être de bons indices de l’embarras dans lequel sa nature complexe plonge l’auteur, embarras dont il fait état pour d’autres éléments, mais, curieusement, pas explicitement pour celui-ci. Au fil du texte, quand apparaît comme un adverbe (p. 19) ou comme une conjonction (p. 376), mais sans exemples associés. Il est aussi mentionné comme un adverbe de temps, mais en association à un exemple en emploi interrogatif (p. 603).
En troisième lieu, l’incertitude sur un exemple ne permet pas de conclure en ce qui concerne la perception de Buffier (1709), qui classe quand dans les adverbes de temps, avec sa traduction en latin (« quando ») mais sans exemples, et dans les adverbes interrogatifs, avec la même traduction. D’autre part, quand est présent dans les conjonctions conditionnelles, et absent dans celles de temps. Dans une observation sur que il apparaît comme une conjonction : « le que tenant la place d’une autre conjonction qu’il faudroit répéter, régit l’indicatif : quand je vous ai dit & que je vous ai assuré, &c. c'est à dire & quand je vous ai assuré » (p. 692). Il est difficile d’affirmer avec certitude que l’auteur a en tête l’emploi temporel affirmatif dans cet exemple, qui pourrait éventuellement passer pour un exemple d’emploi causal (quand prenant la place de puisque) ou conditionnel.
Les huit grammairiens qui évoquent l’emploi temporel affirmatif de quand présentent, comme dans le cas de cuando pour l’espagnol, un tableau composite.
Chez Malherbe (1725), quand dans cet emploi est présenté uniquement comme un adverbe. Quand n’apparaît pas dans le traitement des adverbes ni dans celui des conjonctions, mais dans une partie intitulée « Recueil de plusieurs mots de même prononciation, de différente signification, et qui s’écrivent différemment » (p. 196), Malherbe oppose camp et qu’en à quand, avec cette explication : « Quand est un adverbe. On dit quand l’avez-vous vû ? Quand partira-t-il ? Quand je marche, je me lasse incontinent » (p. 201).
Trois auteurs, Vallange (1721), Restaut (1730), et Lhomond (1780), présentent quand en emploi temporel affirmatif uniquement comme une conjonction. Dans la grammaire de Vallange, le chapitre consacré aux « termes invariables » mentionne en premier lieu l’emploi interrogatif de quand, dans le paragraphe intitulé « pronoms appelés adverbes de tems » (p. 311). Les conjonctions sont traitées au moyen d’une brève explication et d’une « liste de phrases dans lesquelles se trouvent des Conjonctions », dans laquelle se trouve la phrase « Je lirai quand j’aurai un livre » (p. 327). Dans cette grammaire, quand apparaît donc comme un adverbe quand il est interrogatif et comme une conjonction dans son emploi affirmatif temporel, même si la catégorie « conjonction temporelle » n’apparaît pas. Chez Restaut, quand n’apparaît pas dans les adverbes. Il est classé dans les conjonctions conditionnelles, dans les concessives, et dans celles « de tems & d’ordre », avec dans ce dernier cas l’exemple « nous sentons moins la chaleur du soleil, quand il est plus près de la terre ». Chez Lhomond (1780), il est classé dans les conjonctions servant à marquer le temps, avec lorsque, comme, dès que, tandis que.
Enfin, quatre auteurs, Vallart (1744), Girard (1747), Wailly (1754) et Levizac (1797) présentent aussi quand en emploi temporel affirmatif comme une conjonction, mais sans que l’on sache avec certitude s’ils lui attribuent également une dimension adverbiale ou non.
Vallart fait figurer quand dans les conjonctions conditionnelles, concessives, et de temps, avec pour cette dernière valeur l’exemple : Lorsque (quand) vous étiez jeune, vous aviez peu de santé. Il classe également quand non seulement dans les adverbes interrogatifs, mais aussi dans les adverbes exprimant « le temps en général », sans fournir malheureusement d’exemples pouvant certifier qu’il pense alors à l’emploi temporel affirmatif.
La grammaire de Girard présente un cas similaire : quand y est classé dans les conjonctions hypothétiques et dans les conjonctions « périodiques » (c’est-à-dire temporelles), avec des explications précises dans les deux cas ; en particulier, comparant quand à lorsque, cet auteur affirme ceci :
Quand marque plus précisément le rapport au temps : de façon qu’elle semble l’avoir directement pour but dans la concomitance qu’elle désigne : ne manquez pas de venir quand je vous le manderai (T2 p. 275).
La vision de Girard en ce qui concerne la dimension adverbiale de cet élément est plus difficile à cerner. Il ne cite pas quand dans les adverbes de temps, mais évoquant les adverbes comment, où, quand, combien, pourquoi, il critique le fait que certains grammairiens les dénomment « interrogatifs », et conclut :
Il n’y a que quand qui soit toujours interrogatif ; parce que dans la forme expositive il est toujours conjonction. D’ailleurs il est visible que dans l’une & l’autre forme comment appartient aux adverbes de manière, où à ceux de lieu, quand à ceux de temps, combien à ceux de quantité, & pourquoi à ceux de motif (T2 p. 166-167).
L’apparente contradiction de ce passage, qui indique d’une part que l’adverbe quand est toujours interrogatif, car dans la forme expositive il est toujours conjonction, et d’autre part que dans l’une et l’autre forme quand appartient aux adverbes de temps, laisse planer le doute sur la perception de l’auteur et constitue un témoignage supplémentaire de la difficulté qu’ont les grammairiens à cerner la nature complexe de cet élément.
Wailly reste dans la même ligne. Il fait figurer quand dans la liste des conjonctions hypothétiques ou conditionnelles, avec l’exemple suivant : « nous serions obligés d’aimer notre prochain, quand même Dieu ne nous l’auroit pas commandé » (p. 107), et dans la liste des conjonctions périodiques ou de temps, avec cet exemple : « il faut travailler quand on est jeune » (p. 108). La dimension conjonctive de quand en emploi temporel affirmatif est donc clairement perçue par cet auteur. En revanche, sa vision de la dimension adverbiale de cet élément, qu’il classe parmi les adverbes de temps, est plus confuse. Il l’évoque tout d’abord ainsi :
comment, où, combien, pourquoi, quand, peuvent servir dans la phrase interrogative ; mais nous n’en avons pas fait une classe séparée, parce qu’ils ne sont pas interrogatifs de leur nature (p. 105).
Plus loin, dans le passage consacré à l’« arrangement de l’adverbe », il précise que « Comment, où, combien, pourquoi, quand, se placent avant le verbe », avec notamment l’exemple suivant : « Pourquoi vous enorgueillir de votre beauté ? Vous ne savez pas combien elle durera ; et quand elle dureroit long-temps, devez-vous vous enorgueillir d’une chose qui ne vous rend pas plus estimable ? » (p. 327). Or quand, considéré comme un adverbe, est ici dans un emploi concessif, semblable à l’emploi hypothétique mentionné plus haut par l’auteur. Il semblerait donc que, pour cet auteur, quand dans cet emploi soit à la fois une conjonction et un adverbe. Par conséquent on peut imaginer, mais sans certitude, que quand en emploi affirmatif temporel ait aussi à ses yeux une dimension adverbiale en plus de sa dimension conjonctive.
Enfin, Levizac, qui s’inspire visiblement de l’auteur précédent, fait figurer quand parmi les conjonctions conditionnelles, avec l’exemple « François Ier n’eût rendu que la pareille à Charles Quint, quand, quand même, ou quand bien même, il l’eût fait arrêter lorsqu’il passa par la France » (p. 193), parmi les concessives avec l’exemple « Quand, quand même cela seroit vrai, que pourriez-vous en conclure ? » (p. 194), et enfin parmi celles « de temps ou d’ordre », avec l’exemple « quand, ou lorsqu’on nage dans l’abondance, on n’est guère affecté du besoin des autres » (p. 199). Il perçoit donc clairement la dimension conjonctive de quand en emploi temporel affirmatif. Cela se confirme au fil du texte, où quand dans cet emploi apparaît comme une conjonction (T2 p. 224 et p. 230). En revanche, la dimension adverbiale ne semble pas lui apparaître aussi distinctement : dans le chapitre sur les adverbes, on ne trouve pas quand dans les adverbes de temps, mais il apparaît comme un adverbe permettant d’interroger, comme pourquoi (p. 182). On retrouve également la règle énoncée par l’auteur précédent concernant l’antéposition de comment, où, pourquoi, combien, et quand, avec le même exemple (p. 186). Pour cet auteur comme pour le précédent, quand en emploi hypothétique ou concessif semble être à la fois une conjonction et un adverbe. On pourrait envisager qu’il en soit de même en emploi temporel affirmatif. Mais la position théorique de l’auteur par rapport à cette possibilité est ambigüe. D’une part, il affirme que les conjonctions peuvent toujours se distinguer des adverbes :
il est toujours facile de distinguer les conjonctions des prépositions et des adverbes, qui sont les seules parties du discours avec lesquelles on puisse les confondre. Les conjonctions simples diffèrent des adverbes en ce qu’elles n’expriment pas une circonstance du nom ou du verbe ; et des prépositions, en ce qu’elles ont presque toujours leur premier mot suivi de que, ou de la préposition de (p. 189).
D’autre part, il considère que certains mots peuvent être adverbes et conjonctions :
les langues en général sont très-défectueuses dans la signification des mots. Dans la langue françoise, un mot peut non seulement être rangé sous différentes espèces de mots, mais encore dans différentes classes d’une même espèce. Si, comme, encore en sont une preuve bien sensible. Si est conjonction conditionnelle, dubitative, comparative, etc. Comme et encore sont adverbes, et conjonctions de diverses sortes (p. 200).
Ainsi, il semblerait que ce classement sous différentes « espèces » de mots ne puisse se faire que si les emplois considérés sont différents, ce qui est en contradiction avec ce que nous observons pour l’emploi hypothétique ou concessif de quand, où ce dernier apparaît à la fois comme un adverbe et comme une conjonction. Il est donc impossible de projeter avec certitude cette double perception sur l’emploi temporel affirmatif.
5.3 Grammaires générales écrites en français
Les six grammaires générales écrites en français de notre corpus du XVIIIe sont toutes publiées dans la deuxième moitié du siècle.
Chez Condillac (1775), quand est absent des parties traitant les adverbes et les conjonctions, et chez Court de Gébelin (1774), Sicard (1798), et Thurot (1796), quand apparaît mais son emploi temporel affirmatif n’étant pas précisément évoqué, on ne peut avoir en ce qui concerne la perception de ces auteurs que des impressions et non des certitudes. Court de Gébelin semble considérer quand dans cet emploi comme un adverbe, car il n’admet comme conjonctions que « celles qui servent seulement à lier », c’est-à-dire les « copulatives » et, ni, ou, et la « déterminative » que, et il classe quand, sans précision supplémentaire, dans les adverbes de temps. Sicard, qui classe quand ? dans les adverbes de temps et dans ceux d’interrogation, ne compte pas quand au nombre des conjonctions, mais au nombre des « propositions conjonctives », parce qu’il renferme, selon lui, « un nom et une conjonction » (T1 p. 509). Dans l’index, il le définit de la façon suivante : « Mot elliptique qui équivaut à ces trois mots : DANS QUEL TEMPS ; il sert à interroger et à lier des propositions ». Ainsi, même si quand n’apparaît pas clairement dans un emploi temporel affirmatif, il semblerait que ce soit surtout la dimension conjonctive qui soit importante pour cet auteur quand cet élément ne sert pas à interroger, ainsi qu’une certaine dimension « nominale ». Enfin, dans l’Hermès (1796), qui est une traduction par Thurot de l’œuvre anglaise de Harris (1751), quand ne figure pas parmi les adverbes de temps, et n’est pas non plus mentionné parmi les adverbes d’interrogation, dont l’auteur évoque très pertinemment (p. 188-189) la parenté avec les relatifs, dans une analyse assez proche de celle que fait la grammaire de la RAE et de l’ASALE à l’heure actuelle. Cependant, dans le chapitre qu’il consacre aux « connectifs » (conjonctions et prépositions), l’auteur montre qu’il a très bien perçu la nature complexe de quand et ses deux facettes adverbiale et conjonctive, proposant le terme de « conjonction adverbiale » pour les exprimer :
Les mots quand, où, et tous les autres de la même nature […] peuvent s’appeler des conjonctions adverbiales, parce qu’ils participent à la fois de la nature des conjonctions et de celle des adverbes : des conjonctions, parce qu’ils unissent les propositions ; des adverbes, parce qu’ils désignent des attributs de lieu et de temps. Enfin, ces conjonctions adverbiales, et peut-être une grande partie des prépositions, différentes en cela des mots accessoires, qui n’ont de signification que lorsqu’ils sont unis à d’autres mots, ont, même seules, une sorte de signification vague, qu’elles doivent à la propriété d’exprimer les attributs de temps et de lieu ; et c’est pour cette raison qu’elles sont dans la grammaire, comme les zoophytes dans la création, une espèce d’êtres mitoyens, d’une nature amphibie, qui […] servent à faire apercevoir la liaison de toutes les parties entre elles (p. 239).
Il est regrettable que l’absence d’exemples ne vienne pas confirmer que la notion de « conjonction adverbiale » s’applique bien pour l’auteur à quand en emploi temporel affirmatif.
Silvestre de Sacy (1799), qui ne fait figurer quand ni dans le chapitre sur les adverbes, ni dans celui sur les conjonctions, le mentionne cependant d’une façon intéressante quand il s’intéresse aux « pronoms relatifs ». Il explique tout d’abord que « Ces mots qui, que, lequel, appelés, par la plupart des Grammairiens, Pronoms relatifs, font évidemment la fonction d’une Conjonction. Ils servent à lier la proposition incidente à la proposition principale » (p. 75), puis ajoute que « ces mots qui, que, ne font pas seulement la fonction d’une Conjonction ; ils rappellent encore l’idée exprimée par un mot qui les a précédés » (p. 76). Enfin il complète ainsi son propos :
Les mots qui, que, lequel ne sont pas les seuls qui joignent la fonction de Conjonction à une autre signification. Il y a des Noms, des Adverbes, des Adjectifs conjonctifs ; mais tous ces mots se reconnaissent parce qu’on peut leur substituer une autre expression dans laquelle se trouvent les mots qui, que, lequel.
Ainsi combien, quand, où, quoi, comment, comme et plusieurs autres, sont des mots conjonctifs. J’ignore combien de maisons il possède, c’est-à-dire J’ignore la quantité de maisons qu’il possède : Je finirai quand il me plaira, c’est-à-dire Je finirai à tel moment qu’il me plaira : Je ne sais où je suis, c’est-à-dire Je ne sai[s] pas le lieu dans lequel je suis […] (p. 82-83).
Cet auteur, lui aussi, est donc conscient de la nature complexe de quand, et souligne qu’il intègre, outre l’idée de liaison, une autre notion, qui semble être l’idée de la reprise d’un antécédent, comme le suggèrent d’une part la substitution possible par « une autre expression dans laquelle se trouvent les mots qui, que, lequel », puisque qui et que « rappellent encore l’idée exprimée par un mot qui les a précédés », et d’autre part les exemples proposés pour illustrer cette substitution. La dimension relative est donc ajoutée à la dimension conjonctive.
Le dernier auteur, Beauzée (1767), nous semble sensible aux trois dimensions adverbiale, conjonctive et relative de quand en emploi temporel affirmatif. Ce grammairien ne fournit pas de listes d’adverbes, car il conteste l’intérêt de la répartition des adverbes en fonction de leur signification (temps, lieu, ordre, etc.) :
comme je ne conçois pas de quel usage peut être, dans la Grammaire, cette division entièrement métaphysique ; je ne la remarque que pour observer que les grammairiens n’en doivent tenir aucun compte (T1 p. 551).
Dans la partie sur les conjonctions, Beauzée explique que certains adverbes intègrent une idée de liaison, et que dans ce cas ils deviennent des conjonctions :
l’expression de la liaison ajoutée à la signification de l’adverbe, doit faire que le mot, sous ce nouvel aspect, n’est plus un adverbe, quoiqu’il renferme encore l’adverbe, mais une Conjonction (T1 p. 577-578).
Selon lui, une conjonction qui renferme, outre l’idée de liaison, un nom, n’est plus une conjonction mais un « nom conjonctif » :
Tout mot qui peut être le complément immédiat d’une préposition, & qui ne peut être regardé ni comme pronom ni comme infinitif, est un véritable nom : & quand la décomposition analytique de ce mot y montreroit quelque chose de conjonctif ; il ne cesseroit pas d’être nom, il faudroit seulement le ranger dans la classe des noms conjonctifs (T1 p. 578).
Le premier mot choisit pour illustrer ces principes est justement quand :
Quand. Il faut travailler quand on est jeune, c’est-à-dire, au temps, auquel temps on est jeune.
Il paroît que quand est véritablement un nom conjonctif. La Conjonction y est sensible ; & la preuve que c’est un nom, c’est qu’on le fait complément de diverses prépositions, de quand, depuis quand, jusqu’à quand, pour quand ; comme on diroit, de quel temps, depuis quel temps, jusqu’à quel temps, pour quel temps. Si l’on emploie ce mot sans préposition, elle est sous-entendue : dites-moi quand vous viendrez, c’est-à-dire à quand ou à quel temps (T1 p. 578).
Le fait que cet auteur propose une substitution de quand par au temps, auquel temps, suggère qu’il lui attribue une dimension relative, comme le suggère aussi un autre passage, dans lequel l’auteur commence par contester l’existence de mots spécifiquement interrogatifs :
Les grammairiens se sont imaginé qu’il y avait des mots proprement interrogatifs […], c’est-à-dire, désignant essentiellement l’interrogation. C’est une erreur : & la preuve en est que les mêmes mots que l’on allègue comme tels, sont mis sans aucun changement dans les assertions les plus positives.
Nous disons en interrogeant, […] Quand reviendra la paix ? Mais nous disons aussi sans interrogation, […] ceci nous apprend quand reviendra la paix ; […] (T2 p. 406).
Cette erreur est liée au fait que les grammairiens ont distingué à tort des éléments « absolus », sans antécédent, et des éléments « relatifs », avec un antécédent. En réalité, ce sont les mêmes, employés avec ou sans ellipse :
La signification propre de chaque mot est essentiellement une : la multiplicité des sens propres seroit directement contraire au but de la parole, qui est l’énonciation claire de la pensée. […] Or il est constant que les mots françois qui, que, quoi, lequel, combien, comment, où, pourquoi, quand, sont des mot conjonctifs, qui ont ordinairement relation à un antécédent ; il faut donc conclure qu’il en est ainsi en toute occasion, & que, dans les phrases où ces mots paroissent employés sans relation à un antécédent, il y a Ellipse de cet antécédent : c’est à l’analyse à le suppléer.
Beauzée illustre son propos par l’exemple Ceci nous apprend quand reviendra la paix, qui équivaut selon lui à ceci nous apprend le temps dans lequel temps reviendra la paix. […].
Notons que la proposition quand reviendra la paix dans cet exemple serait interprétée maintenant comme une interrogative indirecte, et non, comme le fait Beauzée, comme une « assertion positive ». Cet auteur défendant l’unicité du signifié, on peut penser que quand en emploi temporel affirmatif conserve à ses yeux une relation avec un antécédent ayant subi une ellipse. Cet auteur nous paraît donc sensible à la fois aux trois dimensions de quand dans cet emploi, adverbiale, conjonctive et relative.
Notons que l’Encyclopédie (1751) adopte aussi une vision plurielle, puisqu’aussi bien Beauzée et Joncourt, à l’article « Mot », que du Marsais et d’Alembert, à l’article « Conjonction », décrivent quand comme une conjonction renfermant la signification de l’adverbe :
Comme l’expression déterminée du complément d’un rapport, fait qu’un mot, sous cet aspect, n’est plus une préposition, quoiqu’il la renferme encore, mais un adverbe ; l’expression de la liaison ajoutée à la signification de l’adverbe doit faire pareillement regarder le mot comme conjonction, & non comme adverbe, quoiqu’il renferme encore l’adverbe.
C’est la même chose de lorsque, quand, qui veulent dire dans le tems que ; […]; &c. (Article Mot, p. 33).
Il y a des adverbes de tems que l’on peut aussi regarder comme de véritables conjonctions ; par exemple, lorsque, quand, dès que, tandisque. Le lien que ces mots expriment, consiste dans une correspondance de tems (Article Conjonction p. 8).
Au contraire, le dictionnaire de l’Académie française maintient pendant tout le XVIIIe siècle une position proche de celle de la première édition de 1694, comme nous le voyons dans la cinquième édition (1798) : quand dans son emploi temporel affirmatif y reste considéré comme un adverbe de temps, et n’est interprété comme une conjonction que dans des emplois que nous qualifierions aujourd’hui de « concessifs » ou de « conditionnels », rejoignant ainsi les analyses de la RAE pour cuando.
6. Conclusion
L’objectif de cet article était d’étudier les interprétations de cuando et de quand en emploi temporel affirmatif respectivement dans les grammaires espagnoles et françaises entre 1492 et la fin du XVIIIe siècle, sur la base d’un corpus constitué en s’appuyant sur des travaux de référence dans le domaine de l’historiographie grammaticale. Les deux difficultés principales rencontrées dans cette étude sont d’une part que cuando et quand ne sont pas mentionnés par tous les grammairiens, et d’autre part que, même lorsqu’ils le sont, leur emploi temporel affirmatif n’est pas toujours évoqué précisément, de nombreux auteurs ne donnant pas d’exemples pour illustrer leurs classements, ou bien citant pour illustrer des emplois « non interrogatifs » des énoncés comme « je sais quand il arrivera » qui relèvent en réalité de l’interrogation indirecte. Du fait de ces difficultés, le corpus « utile », c’est-à-dire permettant de tirer des enseignements sur la perception des différents grammairiens, est bien moins important que le corpus initial, et des incertitudes subsistent quant à la position de nombreux auteurs.
En ce qui concerne l’espagnol, après le positionnement clair de Nebrija, qui considère cuando en emploi temporel affirmatif comme une conjonction, il faut attendre Correas pour retrouver cet élément dans cet emploi. Pour cet auteur il s’agit à la fois d’une conjonction et d’un adverbe, les conjonctions n’étant qu’un sous-groupe des adverbes. Bien après lui, au XVIIIe siècle, seuls quatre auteurs se positionneront clairement en ce qui concerne cet emploi de cuando : la RAE et Jovellanos n’en perçoivent que la dimension adverbiale, tandis que Gómez Gayoso et Muñoz Álvarez n’en distinguent que la dimension conjonctive.
Côté français, pour le XVIe siècle seul Meigret s’exprime sur la question, privilégiant la dimension adverbiale mais sans rejeter la dimension conjonctive. Au XVIIe siècle, trois auteurs ont une position claire : Irson et Vairasse d’Allais ont une vision adverbiale du problème, et La Touche associe à la dimension adverbiale une dimension conjonctive. Au XVIIIe, sur six auteurs ne montrant pas d’ambigüité, seul Malherbe adopte résolument l’interprétation adverbiale, tandis que Restaut, Lhomond et Vallange préfèrent l’interprétation conjonctive. Silvestre de Sacy ajoute à cette dernière la dimension relative, et enfin Beauzée est le seul auteur qui paraisse sensible aux trois dimensions adverbiale, conjonctive et relative. Notons à part le cas de Thurot qui, bien qu’il ne mentionne pas spécifiquement l’emploi temporel affirmatif de quand, semble bien l’intégrer dans sa vision globale des éléments jouant à la fois un rôle adverbial et un rôle conjonctif.
Ainsi, la période étudiée montre une grande variété d’interprétations pour cuando et quand en emploi temporel affirmatif, que l’on soit côté espagnol ou côté français. Il faut souligner que, si la plupart des grammairiens ont une vision largement polarisée, soit en faveur de l’interprétation adverbiale, soit en faveur de l’interprétation conjonctive, les interprétations « plurielles » existent des deux côtés des Pyrénées dès les premiers siècles de la grammatisation. Cela se manifeste de plusieurs façons, soit par une contradiction apparente entre ce que l’on trouve d’un côté dans le traitement des adverbes et des conjonctions et de l’autre au fil du texte, comme chez Meigret, soit par l’expression de doutes personnels quant à la meilleure façon de classer certains mots et finalement au refus de classer quand, comme chez Régnier-Desmarais, soit par des solutions globales comme celle de Correas, pour lequel toutes les conjonctions sont finalement des adverbes, soit enfin par une proposition terminologique assumant la nature multiple de certains éléments, comme chez Beauzée et ses « noms conjonctifs ».
Notons que du côté français la suprématie de l’interprétation conjonctive se fait sentir à partir du XVIIIe siècle, alors que le point de vue espagnol reste assez bien distribué entre interprétation conjonctive et interprétation adverbiale. Remarquons également que la perception de la dimension relative, aujourd’hui minoritaire en France, apparaît dans notre corpus chez les grammairiens du français au XVIIIe siècle.
Soulignons en conclusion que les grammairiens espagnols du XIXe siècle auront une vision beaucoup plus multidimensionnelle de cuando que leurs prédécesseurs, plusieurs auteurs lui reconnaissant une facette à la fois adverbiale et conjonctive, certains y ajoutant même une facette relative, alors qu’en France, la prédominance de l’interprétation conjonctive se confirmera, les grammairiens attribuant plusieurs dimensions à quand restant minoritaires (de Ruffi de Pontevès, 2016).
Bibliographie
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2. Regards croisés
2.1 Regard des académiciens sur cuando
Dans la grammaire publiée en 2009 par la Real Academia Española (RAE) et la Asociación de Academias de la Lengua Española (ASALE), les relatifs, les interrogatifs, et les exclamatifs sont étudiés ensemble parce qu’ils présentent des traits lexicaux et morphologiques similaires et qu’ils font tous référence à une variable inconnue. Cependant, les relatifs présentent la particularité d’avoir un antécédent :
No obstante, los relativos se diferencian de los interrogativos y exclamativos en que tienen antecedente, sea expreso o tácito, y es este elemento el que identifica el valor de la variable contenida en la subordinada (p. 1557-1558).
Cuando, équivalent à « el momento en que » (p. 51), possède un antécédent im-plicite : c’est donc un relatif. Or, en tant que modificateur du groupe verbal, c’est aussi un adverbe, ce pourquoi les auteurs de cette grammaire le classent, avec como, donde, adonde et cuanto, dans les « adverbes relatifs », en prenant pour exemple cuando llegues (p. 1560-1561).
Les relatifs sans antécédent exprimé introduisent les relatives sans anté-cédent exprimé que nous avons mentionnées en introduction, appelées aussi « relativas libres » et analysées comme des groupes nominaux ou prépo-sitionnels :
Predomina hoy el análisis de las relativas libres como grupos sintácticos (nominales o pre-posicionales) que incorporan léxicamente el significado de su antecedente, de forma que este denota personas, cosas, tiempos, lugares o modos. El adverbio cuando en cuando sonó el teléfono aporta el significado del grupo preposicional en el momento en que. Esta paráfrasis contiene un relativo (que), pero también su antecedente (momento). La función del grupo relativo en que es la de complemento circunstancial de sonó en la paráfrasis en el momento en que sonó, pero el adverbio cuando integra o lexicaliza, como se ve, la información que aporta el grupo relativo y la que corresponde a su antecedente. […] Así pues, cuando es el complemento circunstancial de sonó en cuando sonó el teléfono. A su vez, la relativa libre, en su conjunto (cuando sonó el teléfono), lo será respecto de algún predicado que aquí no se menciona (por ejemplo, se sobresaltó) (p. 1595).
Il est donc insisté sur la fonction syntaxique exercée par le relatif, et notamment cuando, analysé comme un complément circonstanciel. Ces deux facettes, adver-biale et relative, de cuando et de ses semblables, expliquent la difficulté his-torique que les grammairiens ont eue à classer les propositions que ces éléments introduisaient, qui héritent de cette dualité :
La tradicional ambivalencia de las relativas encabezadas por adverbios se debe a que se identifican en algunas gramáticas clásicas dos propiedades de estas construcciones. […] se analizaban como oraciones adverbiales porque suelen ejercer la función de complemento circunstancial (característica de los adverbios); pero, a la vez, están encabezadas por relativos, y todos los miembros de esta clase de palabras ejercen alguna función sintáctica respecto de algún predicado (sujeto, complemento directo, etc.), a diferencia de las con-junciones subordinantes (p. 1595).
C’est donc le fait qu’ils exercent une fonction syntaxique dans la proposition qu’ils introduisent qui distingue les adverbes relatifs des conjonctions, catégories dont il est reconnu qu’elles sont l’objet de polémiques :
Los límites entre las categorías de adverbio relativo y conjunción subordinante son impre-cisos. Se reconoce hoy por lo general que la clasificación de muchas de estas partículas en grupo o en otro es sumamente polémica. […].
Debe señalarse, ante todo, que los adverbios relativos son argumentos o adjuntos de algún predicado, y pueden ser también atributos. Las conjunciones no pueden desempeñar ninguna de estas funciones. Así pues, el relativo cuando, en cuando tú trabajabas es el complemento circunstancial de trabajabas y denota el período en el que esa situación tenía lugar (p. 2469).
Deux autres raisons ont pu jouer dans la confusion historiquement observée dans l’analyse des subordonnées introduites par des adverbes relatifs : d’une part, ces derniers jouent, comme les conjonctions de subordination, le rôle d’éléments su-bordonnants (p. 1595), et d’autre part, dans certains contextes, ils ne peuvent plus s’interpréter comme des compléments circonstanciels et deviennent de véritables conjonctions de subordination (conditionnelle, causale ou concessive dans le cas de cuando) :
Pudo influir asimismo el hecho de que los adverbios relativos han perdido en ciertos contextos su capacidad para interpretarse como complementos circunstanciales de un predi-cado verbal y han acabado integrándose por completo en el paradigma de las conjunciones subordinantes, como sucede en será verdad, cuando tú lo dices (donde cuando alterna con sí) (p. 1595).
Ainsi, tel qu’il apparaît dans ces analyses, cuando en emploi temporel affirmatif possède une « triple personnalité » que l’on peut résumer de la façon suivante : il a une fonction de modificateur du groupe verbal dans la subordonnée qu’il introduit (ce qui justifie son classement dans les adverbes), il possède un antécédent implicite (ce qui en fait un relatif), et enfin c’est un élément subordonnant (ce qui le rapproche d’une conjonction).
2.2 Regard français sur quand
A défaut de disposer d’analyses récentes de l’Académie française, puisque l’unique grammaire issue de cette institution date de 1932, nous utiliserons les analyses produites pour quand dans une grammaire française actuelle largement utilisée en milieu universitaire, la Grammaire méthodique du français de Riegel, Pellat et Rioul (4e éd., 2009), à laquelle Swiggers donne le statut d’« ouvrage de référence », la qualifiant également de « très solide grammaire de consultation » et d’« ouvrage de réflexion théorique » (2015, p. 545).
Dans cet ouvrage, quand est analysé comme une conjonction de subordination (p. 792), qui introduit une proposition circonstancielle « de situation » (p. 847), plus précisément une temporelle, bien qu’elle puisse également recevoir des valeurs conditionnelles (p. 848).
La question des relatifs est abordée par ces auteurs à partir des propositions relatives :
Les propositions relatives sont des propositions subordonnées qui sont introduites par un terme relatif, pronom, ou, plus rarement, déterminant.
Ces termes se répartissent en deux séries :
• Les cinq formes simples du pronom relatif : qui, que, quoi, dont, où.
• Le relatif composé lequel, pronom ou déterminant […].
Toutes ces formes […], sauf dont, la seule à être exclusivement pronom relatif, peuvent être considérées comme des proformes indéfinies qui fonctionnent comme termes introducteurs d’une proposition relative (adjective, substantive, adverbiale ou prédicative), ou d’une interrogative partielle (directe ou indirecte) (p. 794).
Ces auteurs opèrent donc eux aussi un rapprochement entre relatifs et interrogatifs. Ils précisent que le pronom relatif cumule trois fonctions :
• Une fonction démarcative. Il introduit la proposition relative, dont il constitue l’opérateur de subordination ou complémenteur, marquant ainsi une frontière de proposition enchâssée (p. 795).
• Une fonction anaphorique. Il est, dans le cas de la relative adjective, coréférent à son antécédent […] qu’il représente dans la structure de la relative (p. 795).
• Une fonction casuelle. Sa forme varie essentiellement selon sa fonction grammaticale dans la relative (p. 796).
En ce qui concerne plus précisément les relatives sans antécédent, qu’ils nomment « relatives substantives indéfinies » (p. 816), ces auteurs remarquent qu’
on peut rapprocher des relatives sans antécédent les subordonnées introduites par quand lorsque celles-ci, en particulier après une préposition, sont des substituts d’un GN (quand peut être remplacé par le moment où) : J’ai mis de l’argent de côté pour quand je serai à la retraite (p. 818).
Ainsi, selon ces auteurs, quand je serai à la retraite est proche d’une relative sans antécédent dans J’ai mis de l’argent de côté pour quand je serai à la retraite mais ne l’est pas dans Je le ferai quand je serai à la retraite.
Ces auteurs notent également qu’
on trouve en outre des relatives locatives sans antécédent introduites par où : le pronom est complément de lieu dans la relative ; la relative est complément du verbe de la principale, elle occupe la position de complément indirect ou de complément direct et dans ce dernier cas est très proche de certaines constructions interrogatives indirectes :
J’irai où vous allez. […] Je n’ai pas où passer la nuit (p. 817).
Mais si où est un complément circonstanciel de lieu dans J’irai où vous allez, pourquoi quand n’est-il pas un complément circonstanciel de temps dans Je partirai quand vous partirez ? Et ce d’autant plus que, lorsqu’il est un « adverbe interrogatif », quand est considéré comme ayant une fonction dans la proposition qu’il introduit :
Où, quand, comment, pourquoi, etc. sont généralement considérés comme des adverbes d’interrogation partielle. En fait, ils représentent l’amalgame de la marque du type de phrase interrogatif et d’une fonction (complément de lieu, de temps, etc.) dans la phrase interrogative, ce qui leur confère les propriétés syntaxiques et interprétatives des autres pronoms interrogatifs (p. 649).
On peut légitimement se demander pourquoi, si quand est un complément circonstanciel de temps dans une proposition interrogative, il ne l’est plus dans la proposition affirmative.
Loin de prétendre comparer exhaustivement la situation actuelle dans les deux pays sur la base de ces deux ouvrages, il ne s’agissait ici que de chercher à comprendre ce que recouvre la différence de dénomination observée, à savoir un contraste entre une approche qui privilégie la facette conjonctive, en reléguant à des cas marginaux l’existence de la facette relative, et une approche qui donne la préférence aux facettes adverbiale et relative, tout en reconnaissant l’existence de la facette conjonctive. Cela va nous permettre de mieux comprendre les situations que nous allons observer au fil des siècles.
3. Fin du XVe siècle et XVIe siècle
Comme nous l’avons dit, le processus de grammatisation commence avec Nebrija (1492)[4], qui classe cuando en emploi temporel affirmatif dans les conjonctions, et plus particulièrement dans les conjonctions « continuatives » :
Otras son para continuar como diziendo io leo mientras tu oies, io leere cuando tu quisieres, tu lo haras como io lo quisiere. Estas conjunciones mientras, cuando, como, continuan las clausulas de arriba con las de abaxo: τ en esta manera todas las conjunciones se pueden llamar continuativas (Libro tercero, cap. XVII).
Le processus ainsi amorcé ne reprend pour l’espagnol que dans la seconde moitié du XVIe siècle, ce qui coïncide avec le moment où les premières grammaires du français écrites en français sont publiées. Le nombre de grammaires produites est encore faible, et mon corpus ne se compose pour ce siècle que de sept grammaires, qui fournissent peu d’éléments en ce qui concerne cuando et quand : cuando est absent aussi bien dans la grammaire de Villalón (1558) que dans la deuxième grammaire anonyme de Lovaina (1559), et quand n’est mentionné ni par Meurier (1557) ni par Bosquet (1586). La Ramée (1572) l’inclut dans les adverbes de temps, mais sans exemples, et Estienne (1557) le classe dans les adverbes qui signifient le temps, mais simplement dans le contexte de l’interrogation. Seul Meigret (1550) le définit dans son emploi temporel affirmatif : c’est alors un adverbe « continuatif de tous temps » :
Mais nous en avons d’autres qui sont continuatifs de tous temps : comme lors, quand, alors : et se joignent à tous temps : comme je dors, dormais, dormis, ai dormi, dormirai, lors que tu fais, faisais, fis, as fait, et feras[5] (p. 127).
Cet auteur ajoute que quand peut aussi être « interrogatif de tous temps ». Il ne fait pas apparaître quand dans les listes de conjonctions, mais, dans le livre traitant des temps des verbes, il semble le mentionner en tant que conjonction :
Au demeurant, le conjonctif n'a qu'un futur, qui se forme du futur de l'indicatif d’avoir et de l'infinitif prétérit du verbe: comme quand je l'aurai vu, je marchanderai. Ni ne vois point de raison qu'on le doive tenir pour futur de l'indicatif: vu qu'à peine le trouverons-nous (comme je crois) usurpé en la langue française sans conjonction ou verbe: de vrai, nous disons bien j'aime, sans adjonction, en signifiant que je suis amoureux, nous ne dirons pas pourtant j'aurai aimé, qu'il ne faille quelque autre verbe pour y parfaire quelque sens: là où nous disons bien j'aimerai, qui signifie que je serai amoureux (p. 72).
4. XVIIe siècle
Au XVIIe siècle le processus de grammatisation se poursuit, mais le nombre d’ouvrages produits reste encore modeste. Sur les dix grammaires que compte mon corpus, la seule grammaire générale est celle d’Arnauld et Lancelot (1660), dans laquelle quand n’est pas mentionné.
4.1 Grammaires de l’espagnol écrites en espagnol
Ces trois grammaires se concentrent sur moins d’un demi-siècle, entre 1614 (Patón) et 1651 (Villar). Chez Patón comme chez Villar, cuando n’apparaît pas. En revanche, il apparaît chez Correas (1625), qui lui attribue une double nature adverbiale et conjonctive : en effet, après l’avoir classé dans les adverbes de temps, mais sans fournir d’exemples, il évoque le fait que les conjonctions pourraient être considérées comme un sous-groupe des adverbes : « I lo mismo será en las Conjunziones é Interjeziones, qe pudieran mui bien poner-se por espezies de Adverbios » (p. 218). Cette conviction est réaffirmée dans l’introduction et la conclusion de sa partie sur les conjonctions (p. 219 et p. 223), où cuando figure parmi les conjonctions « continuativas », avec l’exemple « Yo iré cuando tú qieres » (p. 223). Correas perçoit donc bien la nature conjonctive de cuando en emploi temporel affirmatif, sans considérer pour autant qu’il perde sa nature adverbiale, les conjonctions faisant partie des adverbes.
4.2 Grammaires du français écrites en français
Ces six grammaires s’échelonnent de 1607 à 1696. Chez Chiflet (1659), qui le classe dans les adverbes « du temps », mais toujours dans des énoncés interrogatifs, quand n’apparaît pas dans son emploi temporel affirmatif. Chez les cinq auteurs qui mentionnent cet emploi, la dimension adverbiale est évoquée. C’est même la seule que l’on trouve chez Irson (1656) et Vairasse d’Allais (1681) : Irson ne cite quand ni dans les adverbes ni dans les conjonctions, mais le qualifie au fil du texte de « petit mot », de « particule » ou de « particule adverbiale », le faisant apparaître non loin de cette dernière expression dans l’exemple « j'auois écrit quand vous m'estes venu visiter » (p. 27). Vairasse d’Allais classe quand dans les adverbes « du tems indifférent » et « d’interroger », et ne le fait pas figurer dans les conjonctions. Au fil du texte, quand est qualifié plusieurs fois d’« adverbe » ou « adverbe de tems » quand il est utilisé dans des exemples comme « Nous vous payerons quand nous aurons reçu notre argent » (p. 204).
Le doute subsiste en ce qui concerne l’analyse de Maupas (1607) et Oudin (1632). Le premier classe tout d’abord quand dans les adverbes de temps, puis le fait apparaître dans les conjonctions « discrétives et adversatives », en ajoutant : « Maisque, Quand, Lorsque, Alors-que; sont adverbes de temps & à divers esgard conjonctions, & valent Cùm, Quandò, Dùm ». Ainsi, Maupas assume le fait que certains éléments, dont quand, puissent appartenir à deux classes de mots, comme le confirme la terminologie employée au fil du texte pour mentionner cet élément : « formule conjonctive » (où quand est associé à lorsque et à si), « formule adverbiale » (emploi associé à l’exemple « quand i’auray achevé cet œuvre, ie le communiqueray au public »), ou encore « formules d'adverbes qui suspendent le sens, et insinuent une suite » (emploi associé à l’exemple « Quand ie fus né »). Cependant, si les exemples ci-dessus montrent clairement que l’auteur perçoit la dimension adverbiale de quand dans son emploi temporel affirmatif, je n’en ai pas trouvé prouvant qu’il perçoive aussi clairement la dimension conjonctive de quand dans cet emploi, même si l’association fréquente avec lorsque semble le suggérer.
Oudin classe quand dans les « adverbes du temps », avec cette remarque :
Lorsque plusieurs verbes se construisent en une période, le premier recevant cet adverbe, les autres ont que pour conjonctive sans répéter ledit quand, v. g. Quand de telles affaires arrivent, et qu'on les néglige, etc.[6] (p. 275-276).
Quand apparaît ensuite comme « adverbe de temps indéterminé » servant à interroger, puis il est classé avec quand bien et quoy que dans les conjonctions « de discerner ». Oudin n’évoque pas de conjonctions « temporelles ». Cependant, il note au sujet de si dans le paragraphe consacré aux « conditionnelles » que « les estrangers confondent si & quand, toutesfois la difference y est fort grande, car quand denote le temps & iamais la condition » (p. 303). D’autre part, s’il qualifie quand en emploi temporel affirmatif d’adverbe à deux reprises au fil du texte (p. 189 et p. 190), il semblerait, sans que la rédaction soit très claire, qu’il considère également quand comme une « particule conjonctive » (p. 146-147). Cet auteur perçoit donc la dimension adverbiale de quand en emploi temporel affirmatif, et il semblerait, sans certitude, qu’il perçoive également sa dimension conjonctive.
La Touche (1696) est le seul auteur chez lequel quand en emploi temporel affirmatif apparaît à la fois comme un adverbe et comme une conjonction : bien qu’il classe simplement quand dans les adverbes de temps, sans précision supplémentaire, et ne le fasse pas figurer dans les conjonctions, il le présente au fil du texte en emploi temporel affirmatif soit comme un adverbe, soit comme une conjonction :
On prononce aussi le d comme un t devant une voïelle dans grand & second. […] Il a encore le même son dans l’adverbe quand […] ; Exemples : quand irez-vous ? quand un homme est habile. […] prononcez quan tirez-vous ? quan tun homme est habile […] (p. 13).
On se sert de ce Tems [le parfait défini double] dans le même sens que le Défini simple, & la seule différence qu’il y a c’est que celui-ci doit toujours être joint à un autre verbe et précédé des conjonctions suivantes : quand, lors que, comme, dès que, si tôt que […]. Exemples : Quand j’eus dîné je montai à cheval […] (p. 242).
Notons avant de quitter le XVIIe siècle que l’opinion d’Irson et de Vairasse d’Allais qui ne voient dans cet emploi de quand qu’une dimension adverbiale se reflète dans le Dictionnaire de l’Académie française de 1694 : quand y est considéré comme un adverbe de temps quand il signifie « Lorsque, dans le temps que, dans quel temps », ce qui est illustré en particulier par les exemples « Quand Dieu crea le monde » et « Quand sera-ce que vous nous viendrez voir? ». Il n’est considéré comme une conjonction que dans des exemples du type « Quand ainsi seroit, que vous en reviendroit-il? ».
5. XVIIIe siècle
Le processus de grammatisation s’amplifie, surtout, en ce qui concerne l’espagnol, dans la deuxième moitié du siècle. Le corpus considéré contient ainsi 24 grammaires, dont deux de la RAE.
5.1 Grammaires de l’espagnol écrites en espagnol
Sur les six auteurs considérés, seul San Pedro (1769) ne fait pas apparaître clairement l’emploi temporel affirmatif de cuando. Il classe cet élément dans les adverbes « de tiempo incierto », mais sans exemple, et l’intègre ensuite à la liste des conjonctions conditionnelles, avec un exemple qui évoquerait plutôt la valeur temporelle : « Todos quando estamos sanos, damos facilmente buen consejo a los enfermos ». Il ne le cite pas dans la liste des conjonctions « Ordinativas », c’est-à-dire « las que atan la oración por alguna circunstancia de lugar o tiempo » (TII p. 91). Au fil du texte, cuando est mentionné en tant que « particule » (TII p. 61). Notons que cet auteur aborde clairement la question de la double appartenance de certains éléments à la classe des adverbes et à celle des conjonctions :
Muchas de las conjunciones son también adverbios o conjunciones, i su diferencia depende del sentido que tienen en la oración. Se conocerá cuando son puras conjunciones, si solo tienen oficio de juntar las partes del razonamiento sin otro respeto o expresión de circunstancia de nombre o verbo (TII, p. 92).
Cependant, en l’absence d’exemples pour illustrer la notion d’adverbe « de tiempo incierto », et du fait de l’interprétation conditionnelle de l’énoncé « quando estamos sanos », il est impossible de cerner avec certitude la vision de l’auteur en ce qui concerne cuando dans son emploi temporel affirmatif : tout au plus peut-on dire qu’il semble avoir une dimension adverbiale, et qu’il pourrait avoir une dimension conjonctive.
Les cinq auteurs qui évoquent clairement l’emploi temporel affirmatif de cuando présentent un tableau très contrasté. Gómez Gayoso (1743) et Muñoz Álvarez (1793) considèrent cuando dans cet emploi comme une conjonction. Le premier, à la suite de Nebrija et Correas, classe cet élément dans les conjonctions Continuativas, avec l’exemple « Esso lo harás quando yo lo mande », et ne le mentionne pas dans les adverbes. Muñoz Alvarez ne le mentionne pas non plus dans les adverbes, et ne le classe que dans les conjonctions temporelles, Garci-Pérez de Vargas ajoutant dans l’édition de 1799 un commentaire cohérent avec ce classement, où cuando est qualifié de conjonction :
Quando se señala tiempo, es mas propio del castellano poner en indicativo el verbo de la primera oracion y ligar por quando la siguiente, que no empezar por gerundio ó por la citada conjunción. Yriarte observó esta regla en la Leccion 3a de la Historia de España: “Reynaba el Emperador Honorio por los años de 409, quando con formidables exércitos, y ocasionando horrible estrago, se apoderaron de Galicia, Leon y Castilla la vieja los Suevos…”. Esta construcción es mas natural que reynando ó quando reynaba, lo que sería un latinismo, que solo se permite en estilo lacónico (p. XXIV).
La RAE et Jovellanos considèrent au contraire cuando en emploi temporel affirmatif comme un adverbe. Dans la première grammaire de la RAE (1771), il est mentionné dans les adverbes simples et ne figure pas dans les adverbes de temps, mais apparaît dans un article intitulé « Advertencias particulares sobre el uso de algunos adverbios », où il est associé à donde :
Donde, y quando. Estos adverbios sirven para preguntar: v.g. donde está? quando viene? También se usan afirmativamente: donde está tu corazón está tu dinero: quando venga que avise (p. 197).
D’autre part, cuando est classé dans le chapitre consacré aux conjonctions parmi les adversatives, avec les exemples « quando eso sea, no lo creo » et « no haria yo una injusticia quando me importára un tesoro » (p. 224). De façon cohérente avec ses analyses, la RAE le mentionne au fil du texte soit comme « adverbe », soit comme « particule », soit de façon imprécise, comme on le voit dans la remarque suivante :
También se suele poner artículo delante de algunos adverbios, y conjunciones, y así se dice: el como, el quando, el si, el no, el porqué. En estos casos se usan estas partículas como sustantivos, supliendo entre ellas y los artículos algun nombre comun, como: el modo, el tiempo, el dicho, el motivo (p. 54).
L’édition de 1796 montre des propos similaires, sans employer cependant le terme de « particule ». Jovellanos (1795) suit d’assez près la RAE, évoquant lorsqu’il traite les adverbes les emplois interrogatif et affirmatif de cuando, avec pour ce dernier emploi l’exemple « cuando venga que avise » ; il le fait ensuite figurer également dans les conjonctions adversatives.
Le dernier auteur, Ballot (1796), manifeste une certaine ambigüité. Il classe cuando dans les adverbes de temps, sans le faire figurer dans les conjonctions, mais en le qualifiant cependant de conjonction dans le passage suivant :
[el modo subjuntivo] es el que necesita juntarse con otro verbo expreso o suplido, que perfeccione el sentido de la oracion, como Quando yo venga, Si leyeras; en cuyas expresiones queda imperfecto el sentido, y pendiente de otro verbo, que se llama verbo principal o determinante, por ejemplo Quando yo venga, te daré dinero; Si leyeras, serias docto. Este modo va siempre acompañado de ciertas conjunciones, que regularmente son estas Aunque, Como, Por mas que, Para que, Quando, Que, Si, Siquiera, &c. (p. 49-50).
Cet auteur a donc clairement conscience de la valeur conjonctive de cuando en emploi temporel affirmatif, mais l’absence d’exemples ne permet pas d’affirmer avec certitude que l’appartenance de cet élément aux adverbes de temps soit considérée dans le cadre de ce même emploi.
5.2 Grammaires du français écrites en français
L’emploi temporel affirmatif de quand n’est pas mentionné chez trois auteurs de grammaires françaises sur onze.
En premier lieu, chez Domergue (1778), quand est absent du traitement des adverbes et des conjonctions, et n’est pas défini au fil du texte. Notons que cet auteur lui-même ne l’emploie presque pas, lui préférant lorsque.
En deuxième lieu, bien que quand en emploi temporel affirmatif ne soit pas défini chez Régnier-Desmarais (1705 ou 1706), il s’agit cependant d’un cas intéressant. Quand figure tout d’abord dans les adverbes simples, mais pas dans les adverbes « de temps, de lieu, & d’ordre », puis apparaît dans les conjonctions conditionnelles et dans les conjonctions concessives, mais pas dans celles « de Temps et d’ordre ». En abordant ces dernières, l’auteur fait part de ses doutes :
J’ai longtemps douté si je mettrois au rang des conjonctions certains termes que les Grammairiens François ont accoutumé de ne mettre qu’au nombre des Prépositions ou des Adverbes de Temps : mais comme les mots qui répondent en latin aux mêmes termes, sont qualifiés de conjonctions par d’habiles Grammairiens Latins ; j’ai cru être bien fondé en cela à les suivre ; vu que la différence des Langues ne change rien à la nature & à la qualité des mots (p. 728).
L’auteur évoque alors la double nature, circonstancielle et conjonctive, de ces termes :
J’appelle donc ici Conjonctions de Temps & d’Ordre, Comme, lors que, dans le temps que, dans le même temps que, en même temps, pendant que, durant que, avant que, dès que, aussitôt que, à peine, après, cependant & enfin ; non pas en tant que tous ces termes, ou la plupart servent seulement à marquer une certaine circonstance de temps ; mais en tant qu’ils servent tellement à la liaison & à l’ordre du discours, qu’ils contribuent à en joindre toutes les parties, & à en rendre l’assemblage meilleur (p. 728).
L’absence de quand dans cette liste de termes problématiques est d’autant plus curieuse que, évoquant plus loin que, l’auteur note que
on ne laisse pas pourtant de l’employer de même à la suite de quand, soit dans la signification de lors que, soit dans celle de quoy que. Ainsi en se servant de quand dans le sens de lors que, on dira fort bien Quand tout sera achevé, & qu’il n’y aura plus rien à faire (p. 746).
Ainsi, dans cette grammaire, quand n’apparaît finalement ni dans la liste des adverbes de temps ni dans celle des conjonctions temporelles. Cette absence et sa non caractérisation dans l’exemple ci-dessus, me semblent être de bons indices de l’embarras dans lequel sa nature complexe plonge l’auteur, embarras dont il fait état pour d’autres éléments, mais, curieusement, pas explicitement pour celui-ci. Au fil du texte, quand apparaît comme un adverbe (p. 19) ou comme une conjonction (p. 376), mais sans exemples associés. Il est aussi mentionné comme un adverbe de temps, mais en association à un exemple en emploi interrogatif (p. 603).
En troisième lieu, l’incertitude sur un exemple ne permet pas de conclure en ce qui concerne la perception de Buffier (1709), qui classe quand dans les adverbes de temps, avec sa traduction en latin (« quando ») mais sans exemples, et dans les adverbes interrogatifs, avec la même traduction. D’autre part, quand est présent dans les conjonctions conditionnelles, et absent dans celles de temps. Dans une observation sur que il apparaît comme une conjonction : « le que tenant la place d’une autre conjonction qu’il faudroit répéter, régit l’indicatif : quand je vous ai dit & que je vous ai assuré, &c. c'est à dire & quand je vous ai assuré » (p. 692). Il est difficile d’affirmer avec certitude que l’auteur a en tête l’emploi temporel affirmatif dans cet exemple, qui pourrait éventuellement passer pour un exemple d’emploi causal (quand prenant la place de puisque) ou conditionnel.
Les huit grammairiens qui évoquent l’emploi temporel affirmatif de quand présentent, comme dans le cas de cuando pour l’espagnol, un tableau composite.
Chez Malherbe (1725), quand dans cet emploi est présenté uniquement comme un adverbe. Quand n’apparaît pas dans le traitement des adverbes ni dans celui des conjonctions, mais dans une partie intitulée « Recueil de plusieurs mots de même prononciation, de différente signification, et qui s’écrivent différemment » (p. 196), Malherbe oppose camp et qu’en à quand, avec cette explication : « Quand est un adverbe. On dit quand l’avez-vous vû ? Quand partira-t-il ? Quand je marche, je me lasse incontinent » (p. 201).
Trois auteurs, Vallange (1721), Restaut (1730), et Lhomond (1780), présentent quand en emploi temporel affirmatif uniquement comme une conjonction. Dans la grammaire de Vallange, le chapitre consacré aux « termes invariables » mentionne en premier lieu l’emploi interrogatif de quand, dans le paragraphe intitulé « pronoms appelés adverbes de tems » (p. 311). Les conjonctions sont traitées au moyen d’une brève explication et d’une « liste de phrases dans lesquelles se trouvent des Conjonctions », dans laquelle se trouve la phrase « Je lirai quand j’aurai un livre » (p. 327). Dans cette grammaire, quand apparaît donc comme un adverbe quand il est interrogatif et comme une conjonction dans son emploi affirmatif temporel, même si la catégorie « conjonction temporelle » n’apparaît pas. Chez Restaut, quand n’apparaît pas dans les adverbes. Il est classé dans les conjonctions conditionnelles, dans les concessives, et dans celles « de tems & d’ordre », avec dans ce dernier cas l’exemple « nous sentons moins la chaleur du soleil, quand il est plus près de la terre ». Chez Lhomond (1780), il est classé dans les conjonctions servant à marquer le temps, avec lorsque, comme, dès que, tandis que.
Enfin, quatre auteurs, Vallart (1744), Girard (1747), Wailly (1754) et Levizac (1797) présentent aussi quand en emploi temporel affirmatif comme une conjonction, mais sans que l’on sache avec certitude s’ils lui attribuent également une dimension adverbiale ou non.
Vallart fait figurer quand dans les conjonctions conditionnelles, concessives, et de temps, avec pour cette dernière valeur l’exemple : Lorsque (quand) vous étiez jeune, vous aviez peu de santé. Il classe également quand non seulement dans les adverbes interrogatifs, mais aussi dans les adverbes exprimant « le temps en général », sans fournir malheureusement d’exemples pouvant certifier qu’il pense alors à l’emploi temporel affirmatif.
La grammaire de Girard présente un cas similaire : quand y est classé dans les conjonctions hypothétiques et dans les conjonctions « périodiques » (c’est-à-dire temporelles), avec des explications précises dans les deux cas ; en particulier, comparant quand à lorsque, cet auteur affirme ceci :
Quand marque plus précisément le rapport au temps : de façon qu’elle semble l’avoir directement pour but dans la concomitance qu’elle désigne : ne manquez pas de venir quand je vous le manderai (T2 p. 275).
La vision de Girard en ce qui concerne la dimension adverbiale de cet élément est plus difficile à cerner. Il ne cite pas quand dans les adverbes de temps, mais évoquant les adverbes comment, où, quand, combien, pourquoi, il critique le fait que certains grammairiens les dénomment « interrogatifs », et conclut :
Il n’y a que quand qui soit toujours interrogatif ; parce que dans la forme expositive il est toujours conjonction. D’ailleurs il est visible que dans l’une & l’autre forme comment appartient aux adverbes de manière, où à ceux de lieu, quand à ceux de temps, combien à ceux de quantité, & pourquoi à ceux de motif (T2 p. 166-167).
L’apparente contradiction de ce passage, qui indique d’une part que l’adverbe quand est toujours interrogatif, car dans la forme expositive il est toujours conjonction, et d’autre part que dans l’une et l’autre forme quand appartient aux adverbes de temps, laisse planer le doute sur la perception de l’auteur et constitue un témoignage supplémentaire de la difficulté qu’ont les grammairiens à cerner la nature complexe de cet élément.
Wailly reste dans la même ligne. Il fait figurer quand dans la liste des conjonctions hypothétiques ou conditionnelles, avec l’exemple suivant : « nous serions obligés d’aimer notre prochain, quand même Dieu ne nous l’auroit pas commandé » (p. 107), et dans la liste des conjonctions périodiques ou de temps, avec cet exemple : « il faut travailler quand on est jeune » (p. 108). La dimension conjonctive de quand en emploi temporel affirmatif est donc clairement perçue par cet auteur. En revanche, sa vision de la dimension adverbiale de cet élément, qu’il classe parmi les adverbes de temps, est plus confuse. Il l’évoque tout d’abord ainsi :
comment, où, combien, pourquoi, quand, peuvent servir dans la phrase interrogative ; mais nous n’en avons pas fait une classe séparée, parce qu’ils ne sont pas interrogatifs de leur nature (p. 105).
Plus loin, dans le passage consacré à l’« arrangement de l’adverbe », il précise que « Comment, où, combien, pourquoi, quand, se placent avant le verbe », avec notamment l’exemple suivant : « Pourquoi vous enorgueillir de votre beauté ? Vous ne savez pas combien elle durera ; et quand elle dureroit long-temps, devez-vous vous enorgueillir d’une chose qui ne vous rend pas plus estimable ? » (p. 327). Or quand, considéré comme un adverbe, est ici dans un emploi concessif, semblable à l’emploi hypothétique mentionné plus haut par l’auteur. Il semblerait donc que, pour cet auteur, quand dans cet emploi soit à la fois une conjonction et un adverbe. Par conséquent on peut imaginer, mais sans certitude, que quand en emploi affirmatif temporel ait aussi à ses yeux une dimension adverbiale en plus de sa dimension conjonctive.
Enfin, Levizac, qui s’inspire visiblement de l’auteur précédent, fait figurer quand parmi les conjonctions conditionnelles, avec l’exemple « François Ier n’eût rendu que la pareille à Charles Quint, quand, quand même, ou quand bien même, il l’eût fait arrêter lorsqu’il passa par la France » (p. 193), parmi les concessives avec l’exemple « Quand, quand même cela seroit vrai, que pourriez-vous en conclure ? » (p. 194), et enfin parmi celles « de temps ou d’ordre », avec l’exemple « quand, ou lorsqu’on nage dans l’abondance, on n’est guère affecté du besoin des autres » (p. 199). Il perçoit donc clairement la dimension conjonctive de quand en emploi temporel affirmatif. Cela se confirme au fil du texte, où quand dans cet emploi apparaît comme une conjonction (T2 p. 224 et p. 230). En revanche, la dimension adverbiale ne semble pas lui apparaître aussi distinctement : dans le chapitre sur les adverbes, on ne trouve pas quand dans les adverbes de temps, mais il apparaît comme un adverbe permettant d’interroger, comme pourquoi (p. 182). On retrouve également la règle énoncée par l’auteur précédent concernant l’antéposition de comment, où, pourquoi, combien, et quand, avec le même exemple (p. 186). Pour cet auteur comme pour le précédent, quand en emploi hypothétique ou concessif semble être à la fois une conjonction et un adverbe. On pourrait envisager qu’il en soit de même en emploi temporel affirmatif. Mais la position théorique de l’auteur par rapport à cette possibilité est ambigüe. D’une part, il affirme que les conjonctions peuvent toujours se distinguer des adverbes :
il est toujours facile de distinguer les conjonctions des prépositions et des adverbes, qui sont les seules parties du discours avec lesquelles on puisse les confondre. Les conjonctions simples diffèrent des adverbes en ce qu’elles n’expriment pas une circonstance du nom ou du verbe ; et des prépositions, en ce qu’elles ont presque toujours leur premier mot suivi de que, ou de la préposition de (p. 189).
D’autre part, il considère que certains mots peuvent être adverbes et conjonctions :
les langues en général sont très-défectueuses dans la signification des mots. Dans la langue françoise, un mot peut non seulement être rangé sous différentes espèces de mots, mais encore dans différentes classes d’une même espèce. Si, comme, encore en sont une preuve bien sensible. Si est conjonction conditionnelle, dubitative, comparative, etc. Comme et encore sont adverbes, et conjonctions de diverses sortes (p. 200).
Ainsi, il semblerait que ce classement sous différentes « espèces » de mots ne puisse se faire que si les emplois considérés sont différents, ce qui est en contradiction avec ce que nous observons pour l’emploi hypothétique ou concessif de quand, où ce dernier apparaît à la fois comme un adverbe et comme une conjonction. Il est donc impossible de projeter avec certitude cette double perception sur l’emploi temporel affirmatif.
5.3 Grammaires générales écrites en français
Les six grammaires générales écrites en français de notre corpus du XVIIIe sont toutes publiées dans la deuxième moitié du siècle.
Chez Condillac (1775), quand est absent des parties traitant les adverbes et les conjonctions, et chez Court de Gébelin (1774), Sicard (1798), et Thurot (1796), quand apparaît mais son emploi temporel affirmatif n’étant pas précisément évoqué, on ne peut avoir en ce qui concerne la perception de ces auteurs que des impressions et non des certitudes. Court de Gébelin semble considérer quand dans cet emploi comme un adverbe, car il n’admet comme conjonctions que « celles qui servent seulement à lier », c’est-à-dire les « copulatives » et, ni, ou, et la « déterminative » que, et il classe quand, sans précision supplémentaire, dans les adverbes de temps. Sicard, qui classe quand ? dans les adverbes de temps et dans ceux d’interrogation, ne compte pas quand au nombre des conjonctions, mais au nombre des « propositions conjonctives », parce qu’il renferme, selon lui, « un nom et une conjonction » (T1 p. 509). Dans l’index, il le définit de la façon suivante : « Mot elliptique qui équivaut à ces trois mots : DANS QUEL TEMPS ; il sert à interroger et à lier des propositions ». Ainsi, même si quand n’apparaît pas clairement dans un emploi temporel affirmatif, il semblerait que ce soit surtout la dimension conjonctive qui soit importante pour cet auteur quand cet élément ne sert pas à interroger, ainsi qu’une certaine dimension « nominale ». Enfin, dans l’Hermès (1796), qui est une traduction par Thurot de l’œuvre anglaise de Harris (1751), quand ne figure pas parmi les adverbes de temps, et n’est pas non plus mentionné parmi les adverbes d’interrogation, dont l’auteur évoque très pertinemment (p. 188-189) la parenté avec les relatifs, dans une analyse assez proche de celle que fait la grammaire de la RAE et de l’ASALE à l’heure actuelle. Cependant, dans le chapitre qu’il consacre aux « connectifs » (conjonctions et prépositions), l’auteur montre qu’il a très bien perçu la nature complexe de quand et ses deux facettes adverbiale et conjonctive, proposant le terme de « conjonction adverbiale » pour les exprimer :
Les mots quand, où, et tous les autres de la même nature […] peuvent s’appeler des conjonctions adverbiales, parce qu’ils participent à la fois de la nature des conjonctions et de celle des adverbes : des conjonctions, parce qu’ils unissent les propositions ; des adverbes, parce qu’ils désignent des attributs de lieu et de temps. Enfin, ces conjonctions adverbiales, et peut-être une grande partie des prépositions, différentes en cela des mots accessoires, qui n’ont de signification que lorsqu’ils sont unis à d’autres mots, ont, même seules, une sorte de signification vague, qu’elles doivent à la propriété d’exprimer les attributs de temps et de lieu ; et c’est pour cette raison qu’elles sont dans la grammaire, comme les zoophytes dans la création, une espèce d’êtres mitoyens, d’une nature amphibie, qui […] servent à faire apercevoir la liaison de toutes les parties entre elles (p. 239).
Il est regrettable que l’absence d’exemples ne vienne pas confirmer que la notion de « conjonction adverbiale » s’applique bien pour l’auteur à quand en emploi temporel affirmatif.
Silvestre de Sacy (1799), qui ne fait figurer quand ni dans le chapitre sur les adverbes, ni dans celui sur les conjonctions, le mentionne cependant d’une façon intéressante quand il s’intéresse aux « pronoms relatifs ». Il explique tout d’abord que « Ces mots qui, que, lequel, appelés, par la plupart des Grammairiens, Pronoms relatifs, font évidemment la fonction d’une Conjonction. Ils servent à lier la proposition incidente à la proposition principale » (p. 75), puis ajoute que « ces mots qui, que, ne font pas seulement la fonction d’une Conjonction ; ils rappellent encore l’idée exprimée par un mot qui les a précédés » (p. 76). Enfin il complète ainsi son propos :
Les mots qui, que, lequel ne sont pas les seuls qui joignent la fonction de Conjonction à une autre signification. Il y a des Noms, des Adverbes, des Adjectifs conjonctifs ; mais tous ces mots se reconnaissent parce qu’on peut leur substituer une autre expression dans laquelle se trouvent les mots qui, que, lequel.
Ainsi combien, quand, où, quoi, comment, comme et plusieurs autres, sont des mots conjonctifs. J’ignore combien de maisons il possède, c’est-à-dire J’ignore la quantité de maisons qu’il possède : Je finirai quand il me plaira, c’est-à-dire Je finirai à tel moment qu’il me plaira : Je ne sais où je suis, c’est-à-dire Je ne sai[s] pas le lieu dans lequel je suis […] (p. 82-83).
Cet auteur, lui aussi, est donc conscient de la nature complexe de quand, et souligne qu’il intègre, outre l’idée de liaison, une autre notion, qui semble être l’idée de la reprise d’un antécédent, comme le suggèrent d’une part la substitution possible par « une autre expression dans laquelle se trouvent les mots qui, que, lequel », puisque qui et que « rappellent encore l’idée exprimée par un mot qui les a précédés », et d’autre part les exemples proposés pour illustrer cette substitution. La dimension relative est donc ajoutée à la dimension conjonctive.
Le dernier auteur, Beauzée (1767), nous semble sensible aux trois dimensions adverbiale, conjonctive et relative de quand en emploi temporel affirmatif. Ce grammairien ne fournit pas de listes d’adverbes, car il conteste l’intérêt de la répartition des adverbes en fonction de leur signification (temps, lieu, ordre, etc.) :
comme je ne conçois pas de quel usage peut être, dans la Grammaire, cette division entièrement métaphysique ; je ne la remarque que pour observer que les grammairiens n’en doivent tenir aucun compte (T1 p. 551).
Dans la partie sur les conjonctions, Beauzée explique que certains adverbes intègrent une idée de liaison, et que dans ce cas ils deviennent des conjonctions :
l’expression de la liaison ajoutée à la signification de l’adverbe, doit faire que le mot, sous ce nouvel aspect, n’est plus un adverbe, quoiqu’il renferme encore l’adverbe, mais une Conjonction (T1 p. 577-578).
Selon lui, une conjonction qui renferme, outre l’idée de liaison, un nom, n’est plus une conjonction mais un « nom conjonctif » :
Tout mot qui peut être le complément immédiat d’une préposition, & qui ne peut être regardé ni comme pronom ni comme infinitif, est un véritable nom : & quand la décomposition analytique de ce mot y montreroit quelque chose de conjonctif ; il ne cesseroit pas d’être nom, il faudroit seulement le ranger dans la classe des noms conjonctifs (T1 p. 578).
Le premier mot choisit pour illustrer ces principes est justement quand :
Quand. Il faut travailler quand on est jeune, c’est-à-dire, au temps, auquel temps on est jeune.
Il paroît que quand est véritablement un nom conjonctif. La Conjonction y est sensible ; & la preuve que c’est un nom, c’est qu’on le fait complément de diverses prépositions, de quand, depuis quand, jusqu’à quand, pour quand ; comme on diroit, de quel temps, depuis quel temps, jusqu’à quel temps, pour quel temps. Si l’on emploie ce mot sans préposition, elle est sous-entendue : dites-moi quand vous viendrez, c’est-à-dire à quand ou à quel temps (T1 p. 578).
Le fait que cet auteur propose une substitution de quand par au temps, auquel temps, suggère qu’il lui attribue une dimension relative, comme le suggère aussi un autre passage, dans lequel l’auteur commence par contester l’existence de mots spécifiquement interrogatifs :
Les grammairiens se sont imaginé qu’il y avait des mots proprement interrogatifs […], c’est-à-dire, désignant essentiellement l’interrogation. C’est une erreur : & la preuve en est que les mêmes mots que l’on allègue comme tels, sont mis sans aucun changement dans les assertions les plus positives.
Nous disons en interrogeant, […] Quand reviendra la paix ? Mais nous disons aussi sans interrogation, […] ceci nous apprend quand reviendra la paix ; […] (T2 p. 406).
Cette erreur est liée au fait que les grammairiens ont distingué à tort des éléments « absolus », sans antécédent, et des éléments « relatifs », avec un antécédent. En réalité, ce sont les mêmes, employés avec ou sans ellipse :
La signification propre de chaque mot est essentiellement une : la multiplicité des sens propres seroit directement contraire au but de la parole, qui est l’énonciation claire de la pensée. […] Or il est constant que les mots françois qui, que, quoi, lequel, combien, comment, où, pourquoi, quand, sont des mot conjonctifs, qui ont ordinairement relation à un antécédent ; il faut donc conclure qu’il en est ainsi en toute occasion, & que, dans les phrases où ces mots paroissent employés sans relation à un antécédent, il y a Ellipse de cet antécédent : c’est à l’analyse à le suppléer.
Beauzée illustre son propos par l’exemple Ceci nous apprend quand reviendra la paix, qui équivaut selon lui à ceci nous apprend le temps dans lequel temps reviendra la paix. […].
Notons que la proposition quand reviendra la paix dans cet exemple serait interprétée maintenant comme une interrogative indirecte, et non, comme le fait Beauzée, comme une « assertion positive ». Cet auteur défendant l’unicité du signifié, on peut penser que quand en emploi temporel affirmatif conserve à ses yeux une relation avec un antécédent ayant subi une ellipse. Cet auteur nous paraît donc sensible à la fois aux trois dimensions de quand dans cet emploi, adverbiale, conjonctive et relative.
Notons que l’Encyclopédie (1751) adopte aussi une vision plurielle, puisqu’aussi bien Beauzée et Joncourt, à l’article « Mot », que du Marsais et d’Alembert, à l’article « Conjonction », décrivent quand comme une conjonction renfermant la signification de l’adverbe :
Comme l’expression déterminée du complément d’un rapport, fait qu’un mot, sous cet aspect, n’est plus une préposition, quoiqu’il la renferme encore, mais un adverbe ; l’expression de la liaison ajoutée à la signification de l’adverbe doit faire pareillement regarder le mot comme conjonction, & non comme adverbe, quoiqu’il renferme encore l’adverbe.
C’est la même chose de lorsque, quand, qui veulent dire dans le tems que ; […]; &c. (Article Mot, p. 33).
Il y a des adverbes de tems que l’on peut aussi regarder comme de véritables conjonctions ; par exemple, lorsque, quand, dès que, tandisque. Le lien que ces mots expriment, consiste dans une correspondance de tems (Article Conjonction p. 8).
Au contraire, le dictionnaire de l’Académie française maintient pendant tout le XVIIIe siècle une position proche de celle de la première édition de 1694, comme nous le voyons dans la cinquième édition (1798) : quand dans son emploi temporel affirmatif y reste considéré comme un adverbe de temps, et n’est interprété comme une conjonction que dans des emplois que nous qualifierions aujourd’hui de « concessifs » ou de « conditionnels », rejoignant ainsi les analyses de la RAE pour cuando.
6. Conclusion
L’objectif de cet article était d’étudier les interprétations de cuando et de quand en emploi temporel affirmatif respectivement dans les grammaires espagnoles et françaises entre 1492 et la fin du XVIIIe siècle, sur la base d’un corpus constitué en s’appuyant sur des travaux de référence dans le domaine de l’historiographie grammaticale. Les deux difficultés principales rencontrées dans cette étude sont d’une part que cuando et quand ne sont pas mentionnés par tous les grammairiens, et d’autre part que, même lorsqu’ils le sont, leur emploi temporel affirmatif n’est pas toujours évoqué précisément, de nombreux auteurs ne donnant pas d’exemples pour illustrer leurs classements, ou bien citant pour illustrer des emplois « non interrogatifs » des énoncés comme « je sais quand il arrivera » qui relèvent en réalité de l’interrogation indirecte. Du fait de ces difficultés, le corpus « utile », c’est-à-dire permettant de tirer des enseignements sur la perception des différents grammairiens, est bien moins important que le corpus initial, et des incertitudes subsistent quant à la position de nombreux auteurs.
En ce qui concerne l’espagnol, après le positionnement clair de Nebrija, qui considère cuando en emploi temporel affirmatif comme une conjonction, il faut attendre Correas pour retrouver cet élément dans cet emploi. Pour cet auteur il s’agit à la fois d’une conjonction et d’un adverbe, les conjonctions n’étant qu’un sous-groupe des adverbes. Bien après lui, au XVIIIe siècle, seuls quatre auteurs se positionneront clairement en ce qui concerne cet emploi de cuando : la RAE et Jovellanos n’en perçoivent que la dimension adverbiale, tandis que Gómez Gayoso et Muñoz Álvarez n’en distinguent que la dimension conjonctive.
Côté français, pour le XVIe siècle seul Meigret s’exprime sur la question, privilégiant la dimension adverbiale mais sans rejeter la dimension conjonctive. Au XVIIe siècle, trois auteurs ont une position claire : Irson et Vairasse d’Allais ont une vision adverbiale du problème, et La Touche associe à la dimension adverbiale une dimension conjonctive. Au XVIIIe, sur six auteurs ne montrant pas d’ambigüité, seul Malherbe adopte résolument l’interprétation adverbiale, tandis que Restaut, Lhomond et Vallange préfèrent l’interprétation conjonctive. Silvestre de Sacy ajoute à cette dernière la dimension relative, et enfin Beauzée est le seul auteur qui paraisse sensible aux trois dimensions adverbiale, conjonctive et relative. Notons à part le cas de Thurot qui, bien qu’il ne mentionne pas spécifiquement l’emploi temporel affirmatif de quand, semble bien l’intégrer dans sa vision globale des éléments jouant à la fois un rôle adverbial et un rôle conjonctif.
Ainsi, la période étudiée montre une grande variété d’interprétations pour cuando et quand en emploi temporel affirmatif, que l’on soit côté espagnol ou côté français. Il faut souligner que, si la plupart des grammairiens ont une vision largement polarisée, soit en faveur de l’interprétation adverbiale, soit en faveur de l’interprétation conjonctive, les interprétations « plurielles » existent des deux côtés des Pyrénées dès les premiers siècles de la grammatisation. Cela se manifeste de plusieurs façons, soit par une contradiction apparente entre ce que l’on trouve d’un côté dans le traitement des adverbes et des conjonctions et de l’autre au fil du texte, comme chez Meigret, soit par l’expression de doutes personnels quant à la meilleure façon de classer certains mots et finalement au refus de classer quand, comme chez Régnier-Desmarais, soit par des solutions globales comme celle de Correas, pour lequel toutes les conjonctions sont finalement des adverbes, soit enfin par une proposition terminologique assumant la nature multiple de certains éléments, comme chez Beauzée et ses « noms conjonctifs ».
Notons que du côté français la suprématie de l’interprétation conjonctive se fait sentir à partir du XVIIIe siècle, alors que le point de vue espagnol reste assez bien distribué entre interprétation conjonctive et interprétation adverbiale. Remarquons également que la perception de la dimension relative, aujourd’hui minoritaire en France, apparaît dans notre corpus chez les grammairiens du français au XVIIIe siècle.
Soulignons en conclusion que les grammairiens espagnols du XIXe siècle auront une vision beaucoup plus multidimensionnelle de cuando que leurs prédécesseurs, plusieurs auteurs lui reconnaissant une facette à la fois adverbiale et conjonctive, certains y ajoutant même une facette relative, alors qu’en France, la prédominance de l’interprétation conjonctive se confirmera, les grammairiens attribuant plusieurs dimensions à quand restant minoritaires (de Ruffi de Pontevès, 2016).
Bibliographie
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Real Academia Española. 1796. Gramática de la lengua castellana, quarta edición, corregida y aumentada. Madrid: Viuda de Joaquín Ibarra.
Real Academia Española y Asociación de Academias de la Lengua Española. 2009. Nueva gramática de la lengua española. Madrid: Espasa.
Régnier-Desmarais, François Séraphin. 1705. Traité de la grammaire françoise. Paris: Jean Baptiste Coignard. [Fac-simile reprint (1973). Genève: Slaktine].
Restaut, Pierre. 1730. Principes généraux et raisonnés de la grammaire françoise par demandes et par réponses. Paris: Jean Desaint.
Riegel, Martin & Pellat, Jean-Christophe & Rioul, René. 2009. Grammaire méthodique du français 4e édition. Paris: P.U.F.
San Pedro, Benito de. 1769. Arte del romance castellano dispuesto según sus principios generales i el uso de los mejores autores, 2 tomes. Valencia: Benito Monfort.
Sicard, Roch-Ambroise Cucurron (abbé). 1798. Elémens de grammaire générale, appliqués à la langue française, T1 et T2 [3e éd. (1808). Paris: Deterville].
Silvestre de Sacy, Antoine-Isaac. 1799. Principes de grammaire générale : mis à la portée des enfans, et propres à servir d'introduction à l'étude de toutes les langues. Paris: A. Lottin.
Thurot, François. 1796. Hermès ou Recherches philosophiques sur la grammaire universelle. Paris: Imprimerie de la république.
Vairasse d'Allais, Denis. 1681. Grammaire méthodique contenant en abrégé les principes de cet art et les règles les plus nécessaires de la langue françoise dans un ordre clair & naturel. Paris: chez l’Auteur.
Vallange (de). 1721. Grammaire françoise raisonnée, qui ensègne la pureté et la délicatesse de la langue avec l'orthographe, et qui sert de clé au latin et aux autres Langues, que l'on peut apprendre sans le secours d'aucun Maître, quand on possède la Langue par principes, comme on l'enseigne dans cette méthode. Paris: J.B. Lamesle.
Vallart, Joseph. 1744. Grammaire françoise. Paris: Desaint et Saillant.
Villalón, Cristóbal. 1558. Gramática castellana. Anvers: Guillermo Simon.
Villar, Juan (padre). 1651. Arte de la lengua española. Valencia: Francisco Verengel.
Wailly (de), Noël François. 1754. Principes généraux et particuliers de la langue françoise, suivis d'un abrégé de versification [11e éd. (1826). Paris: Pierre Maumus].
Sources secondaires
Auroux, Sylvain. 1995. “Introduction, le processus de grammatisation et ses enjeux”. En: Auroux, Sylvain (dir.) Histoire des idées linguistiques T2, Le développement de la grammaire occidentale. Bruxelles: Pierre Mardaga, 11-63.
Auroux, Sylvain & Clérico, Geneviève. 1995. “Chapitre V. Les traditions nationales. Section 4: France”. En: Auroux, Sylvain (dir.) Histoire des idées linguistiques T2, Le développement de la grammaire occidentale. Bruxelles: Pierre Mardaga, 359-386.
Calero Vaquera, María Luisa. 1986. Historia de la gramática española (1847-1920). De A. Bello a R. Lenz. Madrid: Gredos.
Chevalier, Jean-Claude. 1994. Histoire de la grammaire française. Paris: P.U.F.
Denis, Delphine & Sancier-Chateau, Anne. 1994. “Introduction”. En: Grammaire du français. Paris: Librairie Générale Française.
De Ruffi de Pontevès, Emmanuelle. 2016. “L’interprétation de cuando et de quand dans l’historiographie de l’espagnol et du français: étude terminologique et conceptuelle (XIXe siècle)”. En: BSEHL 10, 91-115.
Girón Alconchel, José Luis. 2007. “Corrientes y períodos en la gramática hispánica”. En: Dorta, Josefa & Corrales, Cristóbal & Corbella, Dolores (eds.) Historiografía de la lingüística en el ámbito hispánico: fundamentos epistemológicos y metodológicos. Madrid: Arco Libros, 67-88.
Gómez Asencio, José Jesús. 1981. Gramática y categorías verbales en la tradición española 1771-1847. Salamanca: Ediciones de la Universidad de Salamanca.
Kovacci, Ofelia. 1995. “El español y sus gramáticas”. En: Seco, Manuel & Salvador, Gregorio (coords.) La lengua española hoy. Madrid: Fundación Juan March, 235-249.
Niederehe, Hans-Josef. 2001. “Introducción. La lingüística en el ámbito hispanohablante”. En: Koerner, E.F.K. & Niederehe Hans-Josef (eds) Historia de la lingüística en España. Amsterdam: John Benjamins, IX-XXII.
Ramajo Caño, Antonio. 1987. Las gramáticas de la lengua castellana desde Nebrija a Correas. Salamanca: Ediciones Universidad de Salamanca.
Sarmiento, Ramón. 1995. “Chapitre V. Les traditions nationales. Section 2 : Espagne”. En: Auroux, Sylvain (dir.) Histoire des idées linguistiques T2, Le développement de la grammaire occidentale. Bruxelles: Pierre Mardaga, 329-338.
Swiggers, Pierre. 2015. “Grammaticographie”. En: Polzin-Haumann Claudia & Schweickard Wolfgang (dirs.) Manuel de linguistique française. Berlin: Walter de Gruyter, 525-555.
[1] Processus consistant, d’après Sylvain Auroux, « à décrire et à outiller une langue sur la base des deux technologies, qui sont encore aujourd'hui les piliers de notre savoir métalinguistique : la grammaire et le dictionnaire » (1995, p. 28).
[2] J’ai sélectionné les grammaires de mon corpus en m’appuyant essentiellement pour l’espagnol sur Gómez Asencio (1981), Calero Vaquera (1986), Kovacci (1995), Sarmiento (1995), Niederehe (2001), et Girón Alconchel (2007), et pour le français sur Chevalier (1994), Denis et Sancier-Château (1994), Auroux et Clérico (1995), et Swiggers (2015).
[3] Il n’y a pas encore pendant cette période de grammaires générales écrites en espagnol. Je m’intéresserai dans une autre publication aux grammaires de l’espagnol à destination des francophones.
[4] Pour chaque grammaire (sauf celles de la RAE), j’indiquerai entre parenthèses après l’auteur la date de la première édition, mais le numéro de page des citations se référera à l’édition que j’ai consultée, qui figure dans la bibliographie. Pour la RAE les dates indiquées entre parenthèses sont celles des différentes éditions consultées.
[5] J’ai modernisé l’orthographe dans les citations de cet ouvrage. En particulier, quand y est orthographié qant.
[6] Orthographe modernisée.
[2] J’ai sélectionné les grammaires de mon corpus en m’appuyant essentiellement pour l’espagnol sur Gómez Asencio (1981), Calero Vaquera (1986), Kovacci (1995), Sarmiento (1995), Niederehe (2001), et Girón Alconchel (2007), et pour le français sur Chevalier (1994), Denis et Sancier-Château (1994), Auroux et Clérico (1995), et Swiggers (2015).
[3] Il n’y a pas encore pendant cette période de grammaires générales écrites en espagnol. Je m’intéresserai dans une autre publication aux grammaires de l’espagnol à destination des francophones.
[4] Pour chaque grammaire (sauf celles de la RAE), j’indiquerai entre parenthèses après l’auteur la date de la première édition, mais le numéro de page des citations se référera à l’édition que j’ai consultée, qui figure dans la bibliographie. Pour la RAE les dates indiquées entre parenthèses sont celles des différentes éditions consultées.
[5] J’ai modernisé l’orthographe dans les citations de cet ouvrage. En particulier, quand y est orthographié qant.
[6] Orthographe modernisée.